Glen COOK
L'ATALANTE
288pp - 15,50 €
Critique parue en janvier 2004 dans Bifrost n° 33
Premier tome d'une série de fantasy humoristique, La Belle aux bleus d'argent met en scène Garrett, un privé qui travaille dans un monde peuplé de créatures de fantasy, elfes, trolls… et métis de ces différentes races. On le charge d'une mission : retrouver une femme, qu'un ami de Garrett a désignée comme sa seule héritière. Personne ne savait qu'ils entretenaient une relation suivie ; en outre, Garrett découvre qu'il s'agit d'une de ses anciennes compagnes. Il accepte donc de se charger de l'enquête, même si celle-ci comporte de nombreux risques, le moindre d'entre eux n'étant pas de pénétrer dans le Cantard, un territoire ravagé par la guerre entre les différentes espèces. Heureusement pour lui, Garrett sera secondé par un elfe noir et trois grolls — métis de trolls et d'humains, entre autres — athlétiques, ce qui lui permettra de se sortir de nombreuses mauvaises passes. Mais réussira-t-il à retrouver la disparue, dont le caractère semble s'être mystérieusement modifié depuis sa rupture avec le détective ?
De Glen Cook, on connaissait surtout sa série de La Compagnie Noire, chef-d'œuvre de la fantasy moderne, plongée sombre et cynique dans le monde militaire raconté par le médecin-chef d'une unité. Même si on en retrouve parfois le même ton dans La Belle aux bleus d'argent (notamment les scènes se déroulant dans le Cantard, très proche de l'univers où évoluent Toubib et les siens), on est ici dans un registre beaucoup plus léger. Il s'agit d'un récit d'aventures mené tambour battant, sans temps mort, sans passage introspectif comme il peut y en avoir dans La Compagnie, et conté avec drôlerie. Les personnages sont croqués avec bonhomie, et Glen Cook s'est amusé à injecter des clichés, tout en jouant avec. D'où, par exemple, cette idée d'êtres hybrides, qui pullulent littéralement, au détriment des êtres « pure race » qui sont finalement peu nombreux. Parmi les personnages, on retiendra notamment les grolls triplés, deux costauds imperturbables et quasiment muets, du nom de Doris et Marsha, et un nabot comme troisième larron.
Bref, l'humour de Glen Cook, déjà présent dans La Compagnie Noire mais contrebalancé par l'horreur de ce à quoi celle-ci était confrontée, se révèle ici dans toute son étendue. Pas une lecture impérissable, mais un bon moment de détente.