Stéphane ARNIER
MNÉMOS
368pp - 22,00 €
Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115
Auréolé du statut de « Pépite de l’Imaginaire », formulation bien connue, notamment des éditions Mnémos, Stéphane Arnier signe un premier roman de fantasy qui fleure bon l’aventure.
Dans un monde où une brume dévorante s’avance, lentement mais sûrement, deux personnages n’ayant que leur solitude en commun vont se retrouver à cheminer ensemble. D’un côté Keb Gris-de-pierre, qui fut berger quand ses terres existaient encore ; de l’autre Maramazoe, vite surnommée Mara, guerrière condamnée à l’exil. Il est du peuple Dak, des montagnards, elle est Ta’moaza, peuple des mers. Huit ans auparavant la guerre faisait rage entre les deux. Peu de temps après la défaite des Ta’moaza, la brume faisait son apparition.
L’histoire est contée par Keb, qui s’adresse à une assemblée de Ta’moaza, ne cachant rien de ses bassesses ni de ses doutes. Après un début un peu scolaire, et nombre d’informations données par le narrateur à un auditoire censé déjà les connaître, l’aventure s’enclenche, trouve son rythme et le duo fonctionne. Intéressante, la magie à l’œuvre dans cet univers permet de créer une mécanique tout à fait percutante pour faire avancer le récit. Introduire la notion de voyage dans le temps dans un contexte de fantasy pousse plus encore les protagonistes à s’interroger sur les conséquences de leurs actes.
Le passé, le deuil, la mémoire, autant de thèmes abordés par Stéphane Arnier, autant de divergences de vues entre Keb et Mara. Les deux ayant, on le comprend vite, des objectifs assez peu conciliables en apparence. Les choix s’annoncent ardus, alors que le monde tout entier est en péril et que le temps presse. Entre intérêts collectifs et personnels, comment choisir ? Comment choisir, alors même que l’on ne possède pas toutes les données ? Keb va naviguer de dilemme en dilemme, lié, d’abord bien malgré lui, à cette redoutable combattante dotée d’une détermination en fer.
Agrémenté d’une belle couverture ne provenant pas d’une banque d’images — on apprécie —, ce roman s’avère une jolie entrée en matière pour cet auteur vivant en Finlande, mais fortement influencé par la Nouvelle-Zélande. À suivre…