Si vous pensiez avoir acheté ou emprunté un livre de fantasy avec La Chasseuse de trolls, reposez-le avant votre passage en caisse. En revanche, si vous aimez Henning Mankell, Camilla Läckberg et les autres rois et reines du polar nordique, ce titre est pour vous. En effet, La Chasseuse de trolls est avant tout une enquête policière débutant près du cercle polaire et se poursuivant dans toute la Suède.
Tout commence à l’été 1978 : une mère et son fils de quatre ans partent en vacances dans une cabane isolée. La mère revient seule : un géant a enlevé son fils. Vingt-cinq ans plus tard, un autre petit garçon de quatre ans disparaît de chez sa grand-mère. Un nain à l’air pas tout à fait humain a été photographié près de la maison quelques jours auparavant. Il n’en faut pas plus pour que Susso Myrén, cryptozoologue spécialisée dans les trolls, se lance sur la piste des ravisseurs en question…
À partir de là, le livre suit deux parcours : celui de Susso et celui de Seved, un trentenaire vivant dans une communauté isolée et ayant une peur terrible des « grands » qui lui servent de voisins. Peu à peu, leur histoire et le devenir des deux enfants enlevés vont se rapprocher, se croiser avant d’enfin former un tout homogène.
L’approche originale de La Chasseuse de trolls quant au monde des créatures fantastiques nordiques est particulièrement intéressante. Elle donne certainement envie d’en savoir plus sur cet univers, sachant que les trolls du titre englobent aussi bien géants, lutins et autres nains de jardin, sans oublier toute la théorie de l’entre-deux. Une approche à ce point originale qu’il devient difficile d’identifier quelle créature se cache derrière chaque masque de fourrure, et qui a les défauts de ses qualités. Car même si un bestiaire imaginaire se trouve mêlé à ces disparitions d’enfants, La Chasseuse de trolls reste avant tout un polar. Et scandinave, qui plus est — ce qui sous-entend une certaine lenteur. L’auteur se garde de prendre son lecteur par la main pour l’entraîner à sa suite, au bénéfice d’un tableau pointilliste chargé de détails, dont certains loin d’être essentiels à l’intrigue. Stefan Spjut pose ses personnages et l’atmosphère de son récit avant d’entrer dans le vif du sujet. Et il s’attache avant tout aux humains. De fait, si vous rêvez d’action ou d’immersion dans le monde féérique scandinave, passez votre chemin sans sourciller. En revanche, si vous aimez le genre « polar venu du froid » et qu’une touche de fantastique vous intrigue, vous devriez apprécier le voyage. L’éditeur annonce qu’il s’agit du premier volet d’un diptyque : la curiosité demeure quant à savoir de quoi sera fait le second volume, l’intrigue de La Chasseuse de trolls se suffisant à elle-même.