« La mer s'était parée d'une teinte ambrée. Quelques puktaats dérivaient nonchalamment. Des plaques de givre s'étaient formées, épousant mollement la houle paresseuse. A moins de cinq milles à tribord, la côte pelée du Groenland épanouissait ses rondeurs verdoyantes dans la lumière argentée. Mais dans le lointain émergeait un colossal glacier, comme pour avertir les nouveaux venus d'une menace latente. — La Terre de Washington, nota Parsifal. Et le temps va changer... »
Un premier volume pour une des nouvelles collections Fleuve Noir devant succéder à la défunte collection « Anticipation » : « SF Mystère ». En fait, aux vues du présent roman, on aurait tout aussi bien pu l'appeler « SF Aventure ». Parce que si vous vous souvenez des vieux films du genre du Sixième Continent, on a vraiment ici, à peu de choses près, absolument le même schéma (avec moins d'incohérences, tout de même). Tous les ingrédients y sont : le navire, la légende, le héros, le scientifique, le méchant mégalomane, les indigènes et les grands espaces.
Et l'ensemble de se retrouver associé dans l'histoire que voici. Un aventurier fortuné, le baron Parsifal Crusader (le héros) entreprend une expédition risquée : la recherche d'une cité perdue (la légende), Hyperborée, dont le mythe la situe près du pôle nord (les grands espaces). Pour cela, embarquent à bord du Gryphon (le navire) ses compagnons : l'irlandais Profit et son ancien professeur Heideke (le scientifique), sans oublier l'indispensable guide Inuit (les indigènes). Mais au-dessus de l'expédition plane l'ombre malfaisante du docteur Laube (le méchant mégalomane), membre de la secte de la Licorne et qui cherche à valider ses théories sur la race pure par la découverte de la fabuleuse cité et ses habitants, et ceci par tous les moyens. Bien vite, l'expédition tourne mal. Les éléments que le baron croyait maîtriser se déchaînent contre lui. Il lui faudra lutter pour sa survie dans cet environnement glacé et hostile où la moindre erreur ne pardonne pas. Bref un récit se situant dans le passé (1886) mené tambour battant et, ce qui ne gâche rien, fort bien documenté. On apprend ainsi, en droite ligne de la tradition « vernienne », comment, par exemple, se montaient les expéditions polaires de l'époque.
Plus d'aventure que de Science-Fiction, donc, et un petit arrière-goût de frustration quant à la trop fugitive apparition de la mythique ville de glace. Reste que, une fois les personnages et les décors plantés, suffit de feuilleter les premières pages pour démarrer une aventure efficacement menée.