Anouck FAURE
ARGYLL
272pp - 21,90 €
Critique parue en avril 2023 dans Bifrost n° 110
Le nom d’Anouck Faure – artiste plasticienne et autrice – n’est pas inconnu sous nos latitudes. Elle a signé plusieurs couvertures pour divers éditeurs du milieu (Denoël, Folio « SF », La Volte, Albin Michel Imaginaire, etc), et même une illustration dans ces pages (cf. Bifrost n° 107). La Cité diaphane est son premier roman, qui nous plonge dans un univers de fantasy gothique. Si l’autrice n’en signe toutefois pas la couverture, œuvre de Xavier Collette – comme pour tous les livres d’Argyll –, elle nous offre une douzaine de gravures qui en ponctuent les chapitres.
La cité évoquée dans le titre est Roche-Étoile. Haut-lieu du culte d’une déesse sans visage, désormais réduit au silence et à l’abandon, suite à la contamination des eaux alentours par un étrange mal. Le personnage qui va nous guider dans ce paysage hanté est archiviste, là pour enquêter et consigner l’histoire de cette cité. Dans ces ruelles désertées où prononcer un nom revient à rendre une sentence, il en est néanmoins un qui va émerger : Vanor. Sur ses épaules se trouvent tour à tour la solution ou le problème, suivant qui en parle – forgeron, vagabond, guerrière.
L’écriture d’Anouck Faure est forte en images et arrive à créer un cocon, certes glauque, dans lequel on s’installe pour profiter du déroulement de l’histoire, au gré des rebondissements qui la jalonnent. La présence des gravures renforce l’ambiance globale de noirceur, déclinée en diverses nuances. Les thèmes centraux du roman sont littéralement énumérés au sein du livre : « vengeance, pouvoir, connaissance, haine, amour » (p. 136). On y rencontre fantômes et licornes, mais aussi d’autres créatures qui se disputent la palme de l’horreur.
Réflexion sur la famille, sur le fait de refuser son destin – on pensera ici à Thecel –, sur la postérité et la transmission, La Cité diaphane parvient à nous faire vibrer pour le destin de cette cité où il n’y a, semble-t-il, plus rien à sauver. Les motivations de certains protagonistes surprennent parfois, mais trouvent leur explication à mesure que l’histoire se déroule.
De très belles pages à découvrir, une plongée tragique mais pas nihiliste, amère mais nimbée d’une certaine tendresse.