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Les critiques de Bifrost

La Croisière bleue

La Croisière bleue

Laurent GENEFORT
ALBIN MICHEL
352pp - 21,90 €

Bifrost n° 115

Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115

Voici un livre à la quatrième de couverture trompeuse. En effet, à lire le résumé qui y figure, l’on pourrait croire que La Croisière bleue est un roman policier, inspiré du Crime de l’Orient-Express, situé dans le même univers que Les Temps ultramodernes, mais quelques années plus tard. Et… c’est en partie vrai, pour la novella donnant son titre à ce recueil. Car « La Croisière bleue » n’est pas le seul récit du livre. Celui-ci est constitué par une accumulation de nouvelles, de faux articles de journaux et, pour le dernier quart, du vrai-faux essai scientifique L’Abrégé de cavorologie, également disponible gratuitement en numérique sur le site de l’éditeur. Point n’est besoin d’avoir lu le roman de 2022 pour apprécier cet ouvrage, même si, dans ce cas, commencer par l’Abrégé peut-être une bonne façon de se mettre dans le bain et de maîtriser les notions qui seront abordées dans les textes, sans plus d’explications. En revanche, une bonne connaissance du début du xxe siècle et de certains classiques de la littérature d’aventure permet d’apprécier à sa juste mesure la prestation de Laurent Genefort.

En effet, chaque nouvelle renvoie à un élément historique et/ou littéraire. « Le Facteur Pégase » est un renvoi au palais idéal bâti par le facteur Cheval au début du siècle dernier. « La Croisière bleue » commence comme une histoire d’Agatha Christie pour prendre des tournures de roman d’espionnage et d’aventure à la Michel Strogoff de Jules Verne ou Kim de John Rudyard Kipling, « Cinquante hectares sur Mars » rappelle les témoignages de colons arrivant en Algérie ou en Indochine avec des échos de Joseph Conrad, « Le Sisyphe cosmique » et « À la poursuite de l’anticavorium » sont des récits de SF old school aux fins douces-amères qui rappellent les pulps et récits des années 30 et 50. Et l’alternance entre récits longs et vignettes plus courtes donne l’impression de lire un magazine de ces temps ultramodernes, avec parfois le regret de ne pas approfondir certains détails comme les fascinantes et dangereuses créatures exotiques hantant les égouts et les rames de métro parisien. L’avantage de ce format est le pendant de cette frustration. À la différence des Temps ultramodernes, les formats courts rassemblés ici ne souffrent d’aucun temps mort ni de réels passages à vide. Et il suffit de quelques heures bien calées dans son fauteuil pour s’offrir un voyage de Mercure à la ceinture d’astéroïdes à l’aide de cette fameuse cavorite aussi rare que précieuse.

Stéphanie CHAPTAL

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