Quatre mois à peine après la publication de son frénétique premier roman, Le Roi sans visage, Hervé Jubert revient avec ce deuxième volume de sa Bibliothèque Noire. On se souvient qu'à la fin du précédent tome, Georges Beauregard, agent du département Eugénie, découvrait que le Paris de 1860 dans lequel il évoluait n'était qu'un univers fictif, et parvenait en définitive à s'en échapper pour explorer « la marge ». Son escapade s'achève abruptement lorsque débute cette nouvelle aventure, un an plus tard, quelques jours avant l'inauguration de l'Exposition Universelle. Une Exposition que Beauregard se souvient parfaitement avoir visité, six ans plus tôt. En outre, la présence annoncée de la reine Victoria lui fait craindre le pire, d'autant plus que l'on a signalé plusieurs morts mystérieuses dans les jardins des Tuileries, précisément là où les premiers lampadaires électriques, clou de l'Exposition, ont été mis en service…
Le premier roman de Jubert détonnait dans la production courante par son inventivité et son rythme effréné. En comparaison, de prime abord, La Fête électrique déçoit quelque peu. Outre le fait que le récit peine à se mettre en place, l'intrigue qui nous est offerte ici est beaucoup plus policée que la précédente. Mais que l'on s'amuse moins ne signifie pas que l'on s'y ennuie : Jubert nous gratifie de quelques trouvailles bienvenues, de quelques personnages aussi improbables que mémorables. De plus, ce pseudo-Paris du Second Empire — les lecteurs attentifs pourront s'amuser à repérer les quelques anachronismes qui parsèment le texte, renforçant le côté décalé de cet univers — s'avère être un décor de choix pour les aventures rocambolesques que met en scène l'auteur. À la croisée des genres, quelque part entre science-fiction, fantasy, steampunk et fantastique, La Bibliothèque Noire confirme donc qu'elle est certainement la série la plus rafraîchissante du moment.