Ce roman est le premier tome d’une trilogie faisant suite au cycle « Lazare en guerre » du même auteur mais pouvant se lire de façon indépendante, quand bien même on y perdra beaucoup, Jamie Sawyer employant comme un des deux axes charpentant son récit un changement de paradigme qui ne pourra être perçu que par qui a lu le premier cycle. Douze ans après la fin de la guerre, nous suivons Keira Jenkins, l’ancien bras droit de Harris, désormais à la tête de sa propre équipe, les Chacals, alors que le Directoire n’existe plus, que l’Alliance est en paix avec les Krells, et qu’une nouvelle menace, un groupe terroriste aux motivations floues, a récemment fait une fracassante apparition sur des centaines de stations ou de planètes.
On comprend vite que l’intention de l’auteur est à la fois d’inverser certains des points clefs de la précédente trilogie (nous n'avons plus plus affaire à une unité d’élite adulée, mais à une bande de bras cassés raillés et méprisés ; les Krells ne sont plus des ennemis, mais au contraire des alliés ; un ancien membre du Directoire se bat aux côtés de soldats de l’Alliance ; l’adversaire n’est plus une nation humaine ou une race extraterrestre, mais un groupe terroriste, etc.), et peut-être, surtout, de centrer son propos sur les Krells, dont on en apprend beaucoup. De fait, si la saga Alien était une des sources d’inspiration de la précédente trilogie, ce nouveau cycle la met particulièrement en avant, tant les parallèles à faire sont nombreux (on croise l’équivalent d’une Newt adulte et soldat, un prisonnier qui se bat aux côtés de Jenkins / Ripley, le résultat d’expériences génétiques, etc.).
Si le roman n’échappe pas à divers stéréotypes (au niveau de certains personnages, protagonistes ou antagonistes, notamment), on peut estimer que l’auteur a fait le job, réussissant à concilier deux objectifs pourtant en apparence antithétiques, à savoir rester dans la continuité du premier cycle tout en proposant quelque chose qui en est, et sur de nombreux points, complètement à l’opposé. On retiendra aussi un fond thématique assez solide (sont évoquées la coexistence malaisée entre anciens ennemis, la vie dans une nation menacée en permanence et en tout lieu par un groupe terroriste, la pertinence d’un désarmement radical dans l’immédiat après-guerre), et une fin qui donne clairement envie d’en savoir plus, même si, tout compte fait, ce premier opus de la seconde trilogie reste assez lourdement caractérisé par son statut de tome introductif à une nouvelle intrigue et une menace inédite. On notera enfin un mystérieux épilogue, qui donne apparemment un indice sur le sort d’un personnage du cycle précédent.