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Les critiques de Bifrost

La Jeune fille qui entendait chanter les vents solaires

Jordi VILA CORNELLAS
CORDES DE LUNE
190pp - 15,90 €

Critique parue en octobre 2024 dans Bifrost n° 116

Cordes de lune, jeune maison d’édition fondée en 2023 par l’autrice et ancienne ingénieure Chloé Garcia, entend promouvoir à la fois les genres de l’Imaginaire et la forme de la nouvelle, tout en proposant un mode de fonctionnement singulier, via notamment des contrats d’édition présentés comme éthiques. Parmi les publications de 2024, on trouve une novella intitulée La Jeune fille qui entendait chanter les vents solaires de Jordi Vila Cornellas qui mêle space opera et problématiques psioniques, les deux principaux éléments science-fictionnels étant les suivants : d’une part l’humanité a établi des colonies dans différentes parties du système solaire, et d’autre part certains individus, les mentalistes, sont doués à divers degrés de capacités mentales spéciales comme la précognition, l’empathie ou la télépathie.

À partir de ce contexte de base, l’histoire suit Lysandre, tout juste sortie de l’Alma Mater, l’université des mentalistes. Elle est en transit à bord du vaisseau spatial le Majestic en direction de la station Vostok, aux confins du Système solaire, où elle doit apporter pendant sept ans, en tant qu’assistante psychiatrique douée d’empathie, son soutien aux victimes de la guerre coloniale qui sévit dans la région. Sur le vaisseau se trouvent aussi madame Engelstein, sa mentore qui l’accompagne, ainsi que son amie Zélia, qui, grâce à son rang de première de la promotion, est devenue assistante du Commandant du Majestic.

Or, et c’est là-dessus que s’ouvre la novella, Lysandre, tout juste montée à bord du vaisseau, a été assaillie par un sentiment oppressant qui se traduit, dans son sommeil, en cauchemars traversés par un homme inquiétant menaçant de détruire le navire. Est-elle juste victime du mal de l’espace ? Ou a-t-elle été affectée par les vents solaires croisés par le vaisseau ? Le fait est qu’à aucun moment, durant ses études, des dons de précognition n’ont été décelés chez elle, et Lysandre peine à convaincre ses proches — ou elle-même — de prendre au sérieux ses rêves. Mais son pressentiment est trop fort. Aussi mène-t-elle l’enquête, qui s’avère riche de rebondissements, de rencontres, de décisions importantes à prendre et de révélations sur elle-même et les gens qui l’entourent. Le lecteur en apprend, ce faisant, davantage sur cet univers et les enjeux politiques qu’il soulève, notamment concernant le rôle futur des mentalistes au sein de l’humanité. Il est à signaler (attention : spoiler) que le titre est quelque peu trompeur, dans la mesure où il n’est jamais vraiment question d’entendre « chanter » les vents solaires, même si l’idée ferait sans doute une belle histoire. Ceci étant, quand bien même l’ensemble n’a rien de révolutionnaire, et que l’on voit venir quelques retournements, le récit s’avère assez bien fichu et constitue un agréable moment de lecture. En ces temps de surcharge dystopique et post apocalyptique en librairie, il s’avère même un dérivatif plutôt bienvenu.

Sylvie ALLOUCHE

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