Voici donc, un quart de siècle après, la suite de La Guerre éternelle, le plus célèbre ouvrage de son auteur, prix Hugo et Nebula.
La guerre contre les Taurans a pris fin ; William Mandella et Marvygay Potter sont désormais des anciens combattants et, en 1 500 ans, la société a évolué. L'humanité est devenue Homme ; un ensemble de clones identiques dont les consciences sont interconnectées en un gestalt unique quelque peu effrayant pour les fossiles que sont les soldats de la guerre éternelle. Aussi les a-t-on parqués sur Majeur, une planète subarctique de Mizar.
Mais nos anciens combattant ont la bougeotte et ne goûtent guère le rôle de réservoir génétique qui leur est dévolu au cas où Homme tournerait mal. Ils se voient bien partir pour une petite promenade de 10 000 années lumières et un plongeon de 40 000 ans dans l'avenir à bord du croiseur Distorsion Temporelle. Et c'est ce qu'ils font après quelques molles péripéties.
Mais d'inexplicables événements ne tardent pas à survenir. Les anciens combattants sont contraints d'abandonner l'astronef en perdition et s'en rentrent sur Majeur, la queue entre les jambes, une vingtaine d'années plus tard par la grâce des effets relativistes… Et trouvent la planète déserte. Après s'être sommairement réinstallés, ils envoient une expédition qui trouve la Terre dans le même état.
Vient le temps des explications à l'aune desquelles on va juger ce roman, lisible au demeurant, quoique mou et peu passionnant. On ne voit pas où Haldeman veut en venir. De la suite d'un roman de guerre, fut-il antimilitariste, on s'attend à un conflit, ou du moins une forte tension, entre les humains et Homme par exemple. C'est un peu ce que nous promet le début. Et rien ne vient. On bifurque soudain vers les mystères, la disparition d'Homme et de Tauran, sans pour autant dépasser trois de tension.
Quant à l'apothéose, c'est vraiment le chapeau ! Non seulement il y a des Omnis qui vivent parmi nous depuis la nuit des temps et même avant sous forme de dryades, de taxis (sûrement celui de Taxi 2, ça expliquerait bien des choses !) ou d'hommes célèbres, mais en matière de deus ex machina on a droit a un must. C'est en effet dieu qui est responsable de tout ce cirque, qui remet tout en place et s'en va non sans avoir un peu changé la vitesse de la lumière. Heureusement qu'il ne l'a pas éteinte…
J'avouerai ne pas comprendre le but d'un tel ouvrage. Je connais quantité de livres écrits par des croyants pour inculquer la foi au lecteur et plus encore d'ouvrages anticléricaux incitant à la laïcité, voire à l'agnosticisme ou à l'athéisme. Pourtant, il ne semble pas qu'Haldeman ait viré crapaud de bénitier ni qu'il ait le moindre message derrière cette parodie de matérialisme mystique. De fait, j'ai l'impression d'une boutade pas drôle, d'une pitrerie mal amenée qui tombe à plat. À moins que…
La Guerre éternelle était un « one shot » et le reste. À la fin, certains romans sont finis et il serait bon qu'ils le demeurent. Qu'on se le dise. Haldeman nous l'a dit en se payant notre tête ; qu'on lui foute une paix éternelle avec ça. Cette Liberté n'apporte rien, sinon de la thune. Il n'y a pas de miracle, dieu fait un flop ! C'est un navet. Navrant.