David WEBER
L'ATALANTE
378pp - 19,90 €
Critique parue en avril 2005 dans Bifrost n° 38
Perry Rhodan. Le nom du héros de la plus grande série de S-F jamais écrite, dont l'un des créateurs, Clark Darlton, est décédé le 15 janvier dernier à Salzbourg, ne vous est sûrement pas inconnu ; mais le début de ses aventures ? Les premiers volumes — Opération Astrée, La Terre a peur et La Milice des mutants - qui vont d'ailleurs ressortir au Fleuve Noir fin avril en un seul volume intitulé La Troisième force, avaient été traduits de l'allemand au milieu des années 60. Et, trois ans avant qu'un certain Neil Armstrong ne le fasse dans la réalité, le 20 juillet 1969, la France put voir Perry Rhodan marcher sur la Lune le 19 juin 1971. La S-F était en retard de 2 ans… Rhodan y trouva l'épave d'un vaisseau arkonide… De retour sur une Terre en proie à la Guerre Froide, il imposa la paix et l'union grâce à la technologie stellaire. On se souviendra également que, quelques volumes plus tard, le second personnage de la série, Atlan de Gnozal, avait dans un lointain passé installé une base sur Terre, l'Atlantide…
Pourquoi diable est-ce que je vous raconte les débuts de Perry Rhodan ? Non, ce n'est pas parce que je suis incapable d'attendre jusqu'en avril. Plutôt parce La Lune des mutins en est la copie conforme. Weber a certes mis au goût du jour quarante ans de quincaillerie S-F et c'est du coup la Lune toute entière qui constitue le « croiseur galactique ». Croiseur qui a connu une mutinerie débouchant sur une situation de pat. Les mutins, après avoir éradiqués les officiers loyalistes, se sont scindés en deux groupes rivaux influençant l'histoire humaine depuis 50000 ans.
Le héros, le capitaine Colin McIntyre, ancien de l'USAF durant la guerre du Golfe et devenu astronaute, est invité de force par Dahak, l'IA du croiseur galactique dont il reçoit le commandement avec, en prime, la mission de liquider les mutins. Avec l'aide de la bonne faction pour laquelle il obtiendra l'amnistie, il vaincra les méchants parano-stalino racistes et esclavagistes dégénérés qui orchestrent le terrorisme mondial. Et la Terre enfin unie va pouvoir se consacrer à contrer la menace des super-méchants aliens éradicateurs…
Aussi original qu'un burger-frites. Evidemment militariste. Pro Américain, anti-Arabes. Un peu moins nauséabond qu'Honor Harrigton tout de même. On relèvera l'anachronisme qu'il y a pour un pilote ayant remporté des victoires aériennes dans le Golfe, durant la première guerre donc, à n'être encore que capitaine d'active à l'heure des bases lunaires. Mais le roman date de 91… La lecture d'un roman comme celui de Barry N. Malzberg, Apollo & après… peut être parfois salutaire. Lecture facile, pas désagréable pour peu que l'on fasse l'impasse sur les opinions politiques de l'auteur et une certaine désinvolture — pour ne pas dire une désinvolture certaine — à disposer de la vie humaine tristement réaliste. Pourquoi pas, si vous y tenez vraiment…