En cette fin de XIXe siècle, Paris est en pleine ébullition. L’Exposition universelle vient d’ouvrir ses portes et la construction de la tour Eiffel est enfin achevée. Mais cette ambiance de fête est gâchée par un horrible fait divers : on découvre, dans une rue de la capitale, la main momifiée d’une femme. Et ce n’est qu’un commencement. Peu de temps après, c’est la découverte d’un cadavre atrocement mutilé, lui aussi amputé d’une main, qui fait la une des journaux. L’inspecteur Léonce Desnoyers et son adjoint, Raoul Ménard, sont chargés de l’enquête. Résolus à résoudre au plus vite cette étrange affaire, les deux policiers se lancent à la poursuite de l’assassin. En vain. Car comment appréhender un meurtrier dont les actes échappent à toute logique ? D’autres cadavres apparaissent et les deux policiers, malgré tous leurs efforts, s’avèrent incapables de mettre fin à l’hécatombe. Ils décident alors de faire appel à Simon Bloomberg, le célèbre aliéniste, qui pourra peut-être cerner la personnalité du tueur et ses motivations réelles. Aidé de Sarah Englewood, sa gouvernante, Bloomberg participe à son tour à la traque…
La Main de gloire est le deuxième volume d’une série qui a débuté avec La Chambre mortuaire (10/18). On retrouve d’ailleurs dans ce second opus un grand nombre de personnages déjà présents dans le premier, et même si les deux tomes peuvent se lire indépendamment, il est fortement conseillé de lire La Chambre mortuaire avant de s’attaquer à cette Main de gloire. En tout cas, voilà une série qui évolue bien. L’intrigue de La Chambre mortuaire progressait lentement — trop lentement —, et certains revirements de situation étaient un peu téléphonés. Rien de tel avec La Main de gloire. Dans ce second volume, Jean-Luc Bizien a mis un tigre dans son moteur : plus de personnages, plus d’action, plus de rebondissements. Un récit qui défile à un rythme soutenu, qui entretient le suspense et qui sait tenir son lecteur en haleine. Bizien croit à son histoire et il veut qu’on y croie. Il ne fait ni dans le parodie ni dans le second degré. Son but, c’est bel et bien de retrouver cette fougue, cette énergie narrative qui faisait la force et le charme du roman-feuilleton français de la fin du XIXe siècle, comme dans les récits de Paul Féval, ou plus tard dans ceux de Gaston Leroux. Mais plus que tout, La Main de gloire fait irrésistiblement penser aux romans d’Emile Gaboriau (Monsieur Lecoq ; L’Affaire Lerouge), le véritable inventeur du roman policier, encore trop injustement méconnu en France. Bref, La Cour des miracles est une série plus ambitieuse qu’il n’y parait au premier abord. Et Jean-Luc Bizien y démontre — une fois de plus ! — sa capacité à passer d’un genre littéraire à un autre avec une facilité déconcertante. Qu’il s’agisse de littérature jeunesse (WonderlandZ, éditions de l’Archipel), de fantasy, de polar, de thriller fantastique (I Can’t get no : Mastication ; un des meilleurs titres de la défunte collection « Club Van Helsing », chez Baleine), ou encore de littérature générale (Marie Joly, éditions Sabine Wespieser), rien n’arrête Jean-Luc Bizien, rien ne lui fait peur. Avec toujours une même exigence : écrire de la littérature populaire de qualité, intelligente et inventive. Mission accomplie avec La Main de gloire. En nous épargnant des descriptions interminables, mais en entremêlant très habilement faits historiques et personnages de fiction, l’auteur nous immerge en plein cœur d’un Paris mystérieux et terrifiant. On passe un très bon moment et on en redemande. Ce qui tombe plutôt bien, puisqu’il paraît qu’un troisième tome est déjà prévu. A suivre…