On avait refermé Les Profondeurs de Vénus, premier volet de ce diptyque, moyennement convaincu (cf. Bifrost n°112). Car Künsken, après nous avoir appâté avec la découverte d’un artefact à la surface de Vénus, qui conviait notre sense of wonder, s’était occupé de raconter — avec plus ou moins de finesse psychologique — la vie de la famille de Québécois à l’origine de la trouvaille, et surtout ses manœuvres pour mettre en place l’exploration de l’artefact et du trou de ver se situant derrière, laissant celui-ci, pourtant très prometteur, quasiment de côté. Quelle allait être l’orientation de cette Maison des saints ? Dans un premier temps, la réponse est : dans la lignée du précédent. Après le vol du Causapscal-des-Vents, les membres de la Maison de Styx sont recherchés par le gouvernement de Vénus. On assiste ainsi à une partie de cache-cache, tandis que la Maison tente de gagner quelques-uns des coureurs à leur cause. On se dit alors que le propos de l’auteur est finalement bien celui-ci, décrire la société vénusienne — qui présente un intérêt certain — et les évolutions du tissu familial des d’Aquillon et consorts — moins abouties —, quand finalement, après cent cinquante pages, il se décide enfin à explorer le trou de ver. Pascal et son amant Gabriel-Antoine y descendent donc, et l’intérêt du roman s’en trouve renforcé, redonnant (ouf !) au lecteur l’occasion de suspendre son incrédulité. Il faut néanmoins reconnaître que, pour intéressants qu’ils soient, ces passages interrogent quant à la structure du récit : car les deux explorateurs semblent d’un seul coup complètement coupés du monde, et rien ne semble se passer au-delà de la surface. C’est là le principal grief qu’on pourra faire au diptyque : une construction déséquilibrée, tant Künsken déploie des axes de narration qu’il peine à faire progresser conjointement, occasionnant de longs tunnels sur l’une des thématiques avant qu’une autre ne resurgisse. Peut-être qu’un seul roman, certes dense, aurait permis de couper certains passages vraiment trop longs, ainsi que diverses redites, notamment sur l’atmosphère vénusienne, dont l’hostilité évidente prélèvera in fine son lot de personnages. Il n’en reste pas moins que ce deuxième tome semble un ton au-dessus du premier, lui qui propose un final en forme d’affrontement plutôt bien géré, comme du reste les scènes d’action héroïques qui parsèment le diptyque. Demeure une lecture attrayante, même si l’ensemble apparaît comme largement perfectible…