John Truck est un loser : ex-drogué, petit armateur d'un cargo interstellaire, il a ceci de particulier qu'il est l'unique métis d'humain et de Centaurien, une race exterminée par les Terriens. À ce titre, il est l'objet de convoitise de diverses factions en guerre entre elles, depuis la découverte d'un artefact centaurien supposé être l'arme ultime que les extraterrestres n'ont pas eu le temps d'utiliser.
Le Gouvernement Mondial Israélien et l'union des Républiques Socialistes Arabes ne sont pas les seuls à désirer s'approprier cette arme dont nul ne connaît le fonctionnement, ainsi le Dr Grishkin — prêtre d'une religion estimant qu'il n'est nul organe honteux créé par Dieu et dont certains adeptes, les Ouvreurs, donnent à voir à travers des panneaux transparents le travail des organes internes — la convoite-t-il également. Égocentrique forcené, Truck ne cesse de fuir ces idéologues convaincus à qui il ne confierait jamais sa destinée, devenant le nouveau symbole d'une anarchie libertaire.
Les péripéties, rapides et multiples, dépeignent un univers en proie à la misère et la violence, où les plus démunis sont les victimes éternelles de puissants trop acharnés à vouloir leur bonheur pour penser à soulager leurs souffrances. Space opera irrévérencieux, ce premier roman de l'auteur de Viriconium (en cours de réédition chez le même éditeur) alterne humour et aventures pour compenser la noire lucidité d'un avenir social mal engagé mais pas entièrement désespéré. « Cette Galaxie ne m'inspire plus que du dégoût », affirme Himation, qui sait cependant que la beauté existe ailleurs dans l'espace, comme le lui a appris le poète Pater, une des figures marquantes du roman. La Mécanique du Centaure n'est pas exempte de passages réussis, même si la lecture est parfois gâchée par des défauts de jeunesse, la foisonnante imagination mal canalisée donnant une densité un peu brouillonne.