La maison d’édition indépendante Le Passager Clandestin est une toute petite maison radicale, engagée et militante contre une certaine forme insatisfaisante du monde. Au milieu des non fictions, on y trouve la collection « Dyschroniques », qui remet à l’honneur des textes anciens de grands noms de la SF. Nouvelles ou novellas posant en leur temps les questions environnementales, politiques, sociales, ou économiques, ces dix-huit textes à ce jour livrent la perception du monde qu’avaient ces auteurs d’un temps aujourd’hui révolu. Et si certaines questions semblent moins d’actualité, d’autres, en revanche, sont devenues brûlantes et illustrent, hélas, la pertinence des craintes exprimées par les auteurs de SF.
On notera que chaque ouvrage a fait l’objet d’un joli travail d’édition, chaque texte étant suivi d’une biographie/bibliographie de l’auteur, d’un bref historique des parutions VO/VF, d’éléments de contexte, ainsi que de suggestions de lectures ou visionnages connexes. Une bien jolie collection, donc.
Commençons par la courte nouvelle de Robert Sheckley, La Montagne sans nom. On y voit une équipe de « travaux publics » chargée de remodeler une planète pour la rendre confortable à coloniser — sur Terre, on dirait « viabiliser une parcelle ». Mais les indigènes, dont il est clair qu’ils devront dégager, posent problème. Et pas seulement les indigènes, hélas pour la multi planétaire exploitante. Petit texte très (trop ?) classique dans la forme, abordant autant la question de la colonisation étrangère que celle, interne aux USA, dont les amérindiens firent les frais, il pose aussi de premières interrogations environnementales, et questionne la certitude occidentale d’une Création donnée par Dieu à l’Homme pour en user à sa guise. Le traitement, du fait de la brièveté et de la prévisibilité du texte, est néanmoins anecdotique. J’arrête ici pour ne pas écrire une chronique plus longue que la nouvelle.
Première publication de La Montagne sans nom aux USA en 1955.