« Un enfant se développait maintenant au cœur de la boule de verre, flottant en apesanteur dans le milieu stérile. Il était chauve et grandissait vite…
– C'est un mutant. Il vient de Mars. Il a subi de graves mutations génétiques. Il est fort probable qu'il soit mentalement retardé. »
La suite longtemps retardée de Profession Cadavre. Koban Ullreider, émigré martien entreprend de mettre en scène l'apocalypse sur Terre et de marquer ceux qui doivent y échapper…
Après un premier tiers de scènes chocs auxquelles Brussolo nous a habitué, le récit change de direction avec l'exposition d'une curieuse théorie cosmogonique, entre Aux frontières du réel (les UFOs sont parmi nous, le grand complot des autorités) et délire mystique complet. Bien que restant de bonne tenue (en tout cas pour ceux qui apprécie les perspectives goriques gigeriennes de Brussolo), la force du récit s'affaiblit et l'on perçoit plusieurs glissements : de débile mental illuminé, Koban ressemble de plus en plus à un sympathique prêcheur. De déboussolée passive, Sarah devient simple instrument, et la maléfique poussière rouge de Mars devient le moteur bien pratique de ce jeu de massacre organisé. Dans tous les cas, le seul reproche que l'on puisse faire à Brussolo est de se confiner à un genre étroit de science-fiction horrifique, dont l'intrigue, la narration ou la recherche de l'étrangeté ne visent qu'à répéter et prolonger la perpétuelle visite d'une foire aux atrocités pour retrouver en boucle la même gamme réduite et sempiternelle d'émotions allant du dégoût à la fascination malsaine, dégoulinante d'hémoglobine et nimbée de noirceur.