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Les critiques de Bifrost

La Régulation

Gaëlle PERRIN-GUILLET
FLEUVE NOIR
224pp - 19,90 €

Critique parue en octobre 2024 dans Bifrost n° 116

Longtemps après l’effondrement de notre civilisation, en gros trois cents ans, l’humanité survit à l’abri de l’Enclave, cité close de hauts murs, coupée des périls de l’extérieur mais entièrement placée sous la coupe du gouvernement invisible des Dix. Sans autre perspective que celle de recommencer chaque jour les mêmes tâches monotones, sous l’objectif omniprésent des drones de surveillance, chacun s’efforce à rester productifs afin de ne pas finir au compost. Gloups ! Mais, lorsque la surpopulation menace l’équilibre des routines de ce microcosme, huit habitants sont désignés régulateurs ; à charge pour eux d’éliminer chacun quatre victimes. Ou d’être éliminés. Tuer ou être tué, tout un programme…

Plus connue dans le domaine du thriller, où elle s’est fait un nom avec la trilogie « Soul of London », Gaëlle Perrin-Guillet élargit sa palette avec une dystopie post-apocalyptique, ce qui lui vaut l’honneur de cette chronique. Hélas, on ne ressort guère enthousiaste avec ce court roman où les poncifs les plus éculés se conjuguent à une imagination définitivement à l’étiage, dénuée de la moindre originalité. La Régulation, c’est un peu la dystopie pour les nuls. Narration en pilotage automatique avec cliffhangers géolocalisés, personnages stéréotypés, progression dramatique aux abonnés absents, écriture plan-plan percluse de tics de langage. C’est tellement creux qu’à force de creuser on se demande si l’autrice ne va pas finir par trouver du pétrole. Pour reprendre la formule consacrée, les pages se tournent toutes seules, le lecteur consacrant son temps de cerveau à des activités plus stimulantes que de suivre les péripéties poussives des piteux rebelles de La Régulation. Histoire de relever le niveau, la quatrième de couverture présente le roman de Gaëlle Perrin-Guillet comme un thriller dystopique angoissant qui nous interroge sur les dérives de nos sociétés. Fumeux prétexte pour nous fourguer une énième dystopie en carton-pâte dépourvue de toute réflexion. Lisez plutôt Benjamin Fogel pour réfléchir sur les dérives de nos sociétés. La seule qualité que l’on peut finalement trouver à la chose, c’est qu’elle se lit très vite. Sur la plage, dans les transports en commun ou aux toilettes. Nous, on préfère couper court. Hop, à la régulation !

 

 

Laurent LELEU

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