David DUCHOVNY
HACHETTE
368pp - 25,00 €
Critique parue en avril 2023 dans Bifrost n° 110
Wikipédia nous apprend que le titre de Miss Subways a été accordé à certaines femmes de la ville de New York entre 1941 et 1976. La Miss Subways du moment apparaissait sur des affiches placées dans le métro de New York et les rames, affiches complétées d’une brève description. En 1957, on estimait que 5,9 millions de personnes regardaient quotidiennement les Miss Subways, grâce à 14 000 affiches disséminées dans le métro. Le programme était géré par la New York Subways Advertising Company. Et environ 200 femmes ont porté le titre de Miss Subways pendant la durée du programme.
Pourquoi vous raconter ça ? Parce que Miss Subways est le titre original du roman de David Duchovny, devenu La Reine du pays-sous-la-terre en VF ; donc, dès le départ, la promesse faite aux lecteurs n’est pas la même : le titre VO nous annonce un roman nostalgique sur New York, le titre français une fantasy de la Terre Creuse. Dans cette lettre d’amour à la Grosse Pomme (longue missive parasitée par une cascade de digressions sur Donald Trump, Paul Manafort, Mike Pence, Rudy Giuliani et tant d’autres), on suit Emer, une femme d’environ quarante ans qui vit une histoire d’amour bancale avec Ken (oui, c’est son prénom VF ; en VO, c’est plus rigolo, c’est Con). Cette histoire est en fait une réplique de l’histoire irlandaise d’Emer et de Cú Chulain. Elle n’a globalement aucun intérêt, et comme David Duchovny ne tient pas son livre, changeant sans cesse de registre, de niveaux de langue et glissant de digression new-yorkaise en digression new-yorkaise, ben le lecteur français s’ennuie ferme. On ajoutera à cela une traductrice en grande difficulté avec le style de l’auteur, et qui peine à garder la tête hors de l’eau face au flot ininterrompu, ou presque, de références diverses et variées que nous inflige un Duchovny très logorrhéique.
De par ses éléments de fantasy urbaine, La Reine du pays-sous-la-terre fait penser à Neil Gaiman, American Gods, bien sûr, mais aussi Neverwhere. On préférera les œuvres originales, deux très bons bouquins, à cette copie de médiocre qualité. Si elle n’avait pas été signée David Duchovny, il y a fort à parier que personne n’aurait vraiment remarqué l’existence de cette romance new-yorkaise.