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Les critiques de Bifrost

La Rune & le Code

Arnaud DOLLEN
BRAGELONNE
416pp - 25,00 €

Critique parue en juillet 2024 dans Bifrost n° 115

Lancée en grande pompe lors d’une soirée à la Gaîté Lyrique à Paris en avril dernier, Cross The Ages est la nouvelle saga littéraire incontournable. Ou, du moins, elle se veut l’être.

Ce roman d’Arnaud Dollen est issu d’un projet particulièrement ambitieux. Cross The Ages, c’est avant tout un jeu de cartes à la Heartstone, à la seule différence qu’ici, lesdites cartes sont des NFT. Le studio à l’origine du jeu souhaitant exporter l’univers sous la forme de romans, il entre en contact avec le romancier et scénariste de BD Arnaud Dollen, qui réunit une équipe afin de bâtir un univers solide. Car c’est là toute la particularité de ce roman. Il s’agit du premier tome d’une saga devant en compter sept, prévue sur dix ans, avec, à sa barre, six auteurs : Pablo Servigne, Norbert Merjagnan, Héloïse Brézillon, Alain Damasio, Fabrice Capizzano, et donc Arnaud Dollen comme chef de file. Un projet ambitieux, comme nous le disions. Le tout est appuyé par une fabrication qui a mis les petits plats dans les grands : jaquette, dorure, jaspage, illustrations en pages de garde et reliure, ils ont dépensé sans compter. Le résultat est-il à la hauteur des moyens mis en place ?

La Rune & le Code mélange fantasy et science-fiction, comme le laisse si discrètement sous-entendre son titre. Le postulat de base, loin d’être inintéressant, nous emmène au sein de deux pays frontaliers, mais ô combien différents. D’un côté vivent les Arkhantes, peuple lié à la magie et dirigé par Solis, jeune reine intronisée depuis peu et dont la place n’est pas encore totalement assurée tant pleuvent les doutes sur ses capacités. De l’autre, Mantris, société hyper évoluée d’un point de vue technologique et dont la situation énergétique se dégrade rapidement. Entre ces deux pays, il y a le Rift, une terre ravagée d’où vient Aurèle, un mercenaire décidé à se débarrasser de la cheffe des Arkhantes.

Voilà le postulat tel qu’il nous est présenté au cours des cinquante premières pages… et qui ne va pas réellement évoluer au fil des trois cent cinquante qui suivent. Ce premier tome n’est qu’une longue introduction à la saga, multipliant les points de vue et les personnages (attendez, faut bien que l’on voie toutes les cartes du jeu !) à n’en plus vouloir. L’écriture, fade par moments, enchaînant les effets d’accumulation et les jeux de mots à foison, provoque parfois une certaine irritation, la lassitude le plus souvent. Et c’est bien là l’écueil principal : on s’ennuie ferme durant la lecture. On nous promet un roman épique, on n’a le droit qu’à des scènes d’exposition. Plusieurs intrigues sont lancées, aucune n’est réellement conclue. Après tout, il faut attiser la curiosité du lecteur pour les tomes suivants. Mais à vouloir trop garder pour plus tard, ce premier tome nous donne très (trop) peu maintenant.

Lilian Guesdon

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