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Les critiques de Bifrost

La Sentence

La Sentence

Louise ERDRICH
ALBIN MICHEL
448pp - 23,90 €

Bifrost n° 113

Critique parue en janvier 2024 dans Bifrost n° 113

Après avoir bénéficié d’une libération conditionnelle, Tookie, la quarantaine, est embauchée dans une librairie indépendante spécialisée en littérature amérindienne à Minneapolis. Le job de rêve pour cette Ojibwé dont la passion des livres est née entre les murs de la prison. Entourée de ses amis, épaulée par un mari aimant, Tookie se délecte de cette vie calme et des conseils de lecture qu’elle prodigue à ses clients, jusqu’à ce que le fantôme de l’un d’entre eux, Flora, vienne hanter la librairie…

Au rythme de chapitres courts, Louise Erdrich dresse le portrait d’une Amérique tristement célèbre pour ses violences envers les peuples racisés qui la composent. Chaque étape de la vie de Tookie semble une épreuve où la librairie apparaît comme un havre de paix, la liberté par les livres, un classique. Une paix rompue par le fantôme de Flora, une présence à la fois intrigante et effrayante pour Tookie, mais pour le lecteur… un simple figurant, un murmure, un livre qui tombe, une obsession qui semble rappeler à l’héroïne qu’elle doit encore payer sa dette. Ou bien est-ce autre chose… ? Bien entendu. Puis le vent du COVID balaye Minneapolis qui finit par s’embraser après le meurtre de George Floyd.

Si la présence de Flora rattache La Sentence aux genres qui nous intéressent en Bifrosty, le fantastique reste à la marge, un fil rouge si fin qu’on l’oublierait presque, mais qui révèle son utilité à la fin (ouf). La Sentence est avant tout un hymne aux cultures amérindiennes, un voyage intime sur la quête d’identité et les liens familiaux, un beau Prix Femina Étranger dont on peut cependant regretter le caractère fourre-tout et décousu.

Aayla SECURA

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