Gregory BENFORD
PRESSES DE LA CITÉ
456pp - 18,29 €
Critique parue en juillet 1998 dans Bifrost n° 9
[Critique de l'édition originale américaine parue en février 1998 chez Avon Eos]
Est-il encore nécessaire de présenter Gregory Benford ? Doit-on rappeler qu'en plus d'un écrivain de hard science à succès il est également physicien et donc très au fait de son sujet de prédilection, à savoir, la science ? Écrire de la Science-Fiction est pour lui l'occasion de faire vivre l'au-delà de la connaissance arrachée à Dieu et livrée à son imagination. Elle lui permet de donner une réalité à ses théories les plus folles.
Le point de départ de Cosm est une question posée par des physiciens bien réels : est-il possible de créer un univers en laboratoire en utilisant un tunnel quantique ? Pour ceux qui souhaitent s'adonner à la réflexion théorique, Benford conseille de lire l'essai du même nom (qui l'a lui-même inspiré). Pour les autres, Benford se livre à un petit exercice de style en imaginant les résultats d'une telle création.
À la suite d'une expérience ayant mal tournée, l'héroïne de Cosm découvre un objet semblable à un boule de bowling et qui s'avère être le résultat d'un Big Bang à toute petite échelle.
Benford aurait pu nous offrir une description vertigineuse du résultat de ce mini-Big Bang mais il tente plutôt d'en faire la toile de fond d'une histoire humaine, celle des chercheurs impliqués dans cette découverte. On les suit de réunions du conseil en soirées de célibataire et on partage leurs misères, qu'elles soient gros rhume ou devoirs à corriger. Le problème est que les héros de Cosm sont beaucoup plus passionnés par leur expérience que par leur vie affective — et comment les en blâmer ?
Le résultat ressemble à un long compte-rendu des expériences tentées et des spéculations émises, mâtinées d'intrigues universitaires et d'infortunes sexuelles.
On se laisse prendre au jeu mais on ne peut s'empêcher de regretter de ne pouvoir aborder la grande découverte que par son côté le plus ingrat.
Les forts en maths et les universitaires du milieu seront sans doute les seuls à pouvoir apprécier Cosm à sa juste valeur, les autres devront se contenter d'un bref aperçu de la vie des premiers.