Orson Scott CARD, Aaron JOHNSTON
L'ATALANTE
544pp - 25,90 €
Critique parue en octobre 2014 dans Bifrost n° 76
La Terre Embrasée est le deuxième volume des préquelles à La Stratégie Ender et fait suite à Avertir la Terre. Dans le premier volume on voyait le vaisseau interstellaire des aliens baptisés « formiques » aborder et traverser le Système Solaire en y laissant un sanglant sillage. Il se dirige vers la Terre et point n'est besoin d'être grand clerc pour deviner leurs funestes intentions. Dans ce deuxième volume, le vaisseau formique atteint la Terre et l'invasion commence par la Chine. En fait, leur dessein n'est ni d'envahir ou de conquérir, ni même d'exterminer les humains mais d'éradiquer toutes formes de vies terrestres.
On retrouve les principaux protagonistes du premier tome. Victor a bien réussi à atteindre la Lune mais peine à faire prendre conscience à l'humanité du danger qui se précipite vers elle. Lem Juke rejoint aussi la Lune, davantage préoccupé par l'idée de détrôner son père à la tête de la plus puissante corporation du Système Solaire et la manière d'exploiter l'invasion formique à cette fin. Enfin, les Soldats d'élite Wit O'Toole et Mazer Rackham qui nous avait été présenté en marge des péripéties d'Avertir la Terre entrent en action, prenant même pour le second, le premier rôle.
Les auteurs privilégient clairement le romanesque à la plausibilité et une poignée de héros sauve le monde. Comme Ender et Bean. Certes. Mais ces deux personnages avaient été « fabriqués » dans cet unique dessein et c'est justement ce qui conférait da dimension spéculative à La Stratégie Ender. On se demande pourquoi la stratégie des formiques est si peu expéditive et s'expose ainsi à une contre-offensive. On sait depuis la Seconde Guerre mondiale qu'il faut détruire l'infrastructure de l'ennemi : hôpitaux, centres et voies de communication, sites de production, par des bombardements massifs avant d'envoyer l'infanterie fignoler la besogne. Les formiques, à l’instar de Göring, opteront pour un choix différent axé sur la terreur. On ne croit pas le moins du monde au GOM, une unité d'élite internationale dépendant de l'ONU chargé de défendre la veuve et l'orphelin mais qui tombe vraiment à pic lorsque surviennent les formiques…
Ce roman d'invasion extraterrestre s'inscrit dans une tradition déjà longue depuis La Guerre des Mondes et n'est pas sans rappeler par maints aspects le film de Roland Emmerich Independence Day. L'aventure pour l'aventure. De l'action à toutes les pages. La Terre Embrasée est à La Stratégie Ender ce que les préquelles de Dune sont à Dune : l’exploitation du filon. C'est d'une lecture bien agréable, certes, mais sans la moindre once spéculative. Du pur divertissement.