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Les critiques de Bifrost

La Terre et les temps

Pierre MARLSON
LIBERTAIRES (éditions)
176pp - 12,00 €

Critique parue en juillet 2009 dans Bifrost n° 55

Marlson. Le patronyme ne dira rien aux lecteurs moins que quadragénaires. Il s'agit de la version courte de « Pierre Marlson », pseudonyme de Martial-Pierre Colson. Cet auteur français a publié une vingtaine de nouvelles concentrées pour la plupart sur la seconde moitié des seventies. Il se situait dans la mouvance écolo-gauchiste qui prévalait alors dans le milieu et qui a disparu au début de la décennie suivante, comme si l'élection de Mitterrand avait réalisé « l'utopie tout de suite », titre d'une collection, emblématique de la science-fiction politique, où Marlson a donné un de ses deux romans en solo. Il a collaboré sur un autre roman avec Michel Jeury, ou plutôt Albert Higon, et, sur une nouvelle, avec un Roland C. Wagner juste sorti des langes. Après avoir débuté dans Fiction, comme un peu tout le monde à l'époque, il a figuré au sommaire du premier Retour à la Terre (une série d'anthologies dirigées par Jean-Pierre Andrevon) et à celui de plusieurs collectifs chez Kesselring et Ponte Mirone. Il revient avec ce recueil qui paraît dans une collection des éditions Libertaires intitulée « Nos futurs », laquelle, à la lecture de son catalogue en fin de volume, donne l'impression de vouloir sa S-F proche dans le temps et militante dans l'esprit.

Tout ceci me chatouillerait agréablement la glande protestataire, si les textes ici rassemblés n'étaient d'une médiocrité consternante.

« L'enfant et le capitaine » (paru dans Phénix en 1990, et chacun sait combien cette revue belge privilégiait l'excellence… ah, on me souffle dans l'oreillette que le sarcasme, ce n'est pas gentil) donne le ton d'entrée de jeu : un centurion romain, Marcus Florinus, croise le chemin d'un Juif qui le conduit là où son Roi, un bébé, vient de naître, un bébé au regard si rempli d'amour que le vieux soldat acariâtre et un gros poil antisémite dépose les armes devant lui… mais ce n'était qu'un rêve, ainsi que le constate Mark Florhens, un soldat de l'armée israélienne passé par la Légion étrangère, à son réveil… sauf que ce n'était pas qu'un rêve, vu que son uniforme a été dégradé, que ses armes ont disparu et que, comme répond son camarade Simon quand il s'inquiète de la date, « NOUS SOMMES LE VINGT-CINQ DECEMBRE » (en Majuscule dans le texte original, adjectif que j'emploie avec une certaine générosité).

Inutile de s'attarder sur le reste du sommaire (trois textes, dont deux longs), tout est du même acabit : style surchargé, dialogues ampoulés, idées rebattues, DES MAJUSCULES CHAQUE FOIS QU'IL FAUT MENAGER UN COUP DE THEATRE, voilà bien un recueil que j'aurais aimé trouver sympathique et qui ne m'a paru qu'agaçant. À fuir, surtout si l'on partage les idées de l'auteur…

Durastanti (moi aussi, je peux m'écourter pour faire djeûn)

Pierre-Paul DURASTANTI

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