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Les critiques de Bifrost

La Tombe

La Tombe

F. Paul WILSON
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 34

Critique parue en avril 2004 dans Bifrost n° 34

À une époque où l'on se plaint constamment de ne plus avoir d'inédits en poche, ou si peu, voilà que les éditions Fleuve Noir nous proposent ce pavé de F. Paul Wilson, auteur du réjouissant bien que grotesque La Forteresse noire, réédité il y a peu dans la même collection.

La Tombe (premier volume d'une série mettant en scène l'aventurier new-yorkais Jack le Réparateur) est tout aussi réjouissant que La Forteresse noire et, en fin de compte, beaucoup moins grotesque. Ce roman mettant en scène des démons du Panthéon indien, les Rakoshi, et le culte de Kali, nous propose de découvrir le quotidien de Jack, un homme ambigu, un justicier aux multiples identités qui a construit sa vie sur deux événements fondateurs : la mort injuste de sa mère (vue en flash-back, pages 274 à 276) et un problème de voisinage qui n'a pas tardé à devenir sa première mission rémunérée.

Sans doute à cause de son intrigue classique (une histoire de vengeance et de malédiction courant sur deux siècles), ce roman repose principalement sur de solides personnages : Kusum, l'hindou manchot aux idéaux injustifiables ; Kolabati, sa sœur, qui se fera un plaisir de kama-sutratiser Jack ; Gia, l'ancienne compagne de notre cher réparateur-justicier. Bien que son roman soit par moments trop long et farci de détails inutiles, Wilson livre, et c'est assez exceptionnel dans le cadre d'une série B, deux portraits de femme réussis. Kolabati est sexuée et sexuelle comme une héroïne de Clive Barker, mais sa sexualité, pourtant tourmentée, ne devient à aucun moment un outil (il y a en fin de compte beaucoup de sincérité dans le tourment) ; Gia Westphalen, quant à elle, se dresse et s'accomplit dans son rôle de mère trahie, humiliée par son mari. La première accepte l'ambiguïté de Jack, son goût pour la violence ; la seconde ne peut s'y résoudre, sans doute par amour et respect.

Voilà donc un bon livre, fort bien traduit, mais à réserver en priorité aux amateurs d'aventures « à la Indiana Jones ».

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