Sébastien GUILLOT, Edmond HAMILTON
TERRE DE BRUME
160pp - 15,25 €
Critique parue en avril 2005 dans Bifrost n° 38
L'Asie centrale chinoise. Entre Tibet et Taklamakan. Les monts Kun Lun. Dans les derniers feux du Grand Jeu, alors que les communistes de Mao Zedong imposent leur hégémonie sur la région, une poignée de mercenaires occidentaux sans foi ni loi, à l'avenir plus qu'incertain, se loue à Shan Kar qui les mène dans la vallée de L'lan, bien à l'écart de la route de la soie, où la guerre entre les Humanites et la Fraternité menace. Les armes modernes d'Eric Nelson et de son groupe avide de platine feront-elles pencher la balance ?
Qui, de la Fraternité où chevaux, tigres, aigles, loups et hommes sont égaux, ou des Humanites, partisans de la supériorité des hommes sur les bêtes, l'emportera après maintes péripéties ?
Voici un simple et sympathique récit de S-F aventureuse qui trahit une conception et une facture ancienne. Né en 1904, l'auteur, dont les chefs-d'œuvre restent Les Rois des étoiles et Les Loups des étoiles, des classiques du space opera, appartient à la première génération des pulps aux côtés de Murray Leinster ou Jack Williamson. On notera que la vallée de L'lan ressemble davantage à celle de la Villamette, en Oregon, telle que David Brin a pu nous la décrire dans Le Facteur, voire à une vallée des Vosges, qu'aux images que l'on connaît de l'Asie Centrale. Les terres entre Samarkand, Lhassa et Urumqi comptent avec le Sahara parmi les moins arborées qui soient. Hamilton, mort en 1977, n'est vraisemblablement jamais allé en Asie centrale et n'avait pas à sa disposition des chaînes câblées exclusivement consacrées au reportage. Lui restait le National Geographic…
D'un point de vue littéraire, La Vallée de la création ne vaut pas 15 euros. Par contre, l'objet confectionné par Terre de Brume, qui lance là sa collection « Poussières d'Etoiles », dirigée par Sébastien Guillot, est plutôt séduisant, à l'instar des livres de fantastique et de fantasy déjà publiés. Lui les vaut.
Saluons donc la naissance de cette nouvelle collection où trois autres rééditions viennent de ou vont paraître : Le Jour des Triffides de John Wyndham, archétype du roman catastrophe anglais ; La Compagnie des fées de Garry Kilworth ; et Les Amants étrangers de Philip José Farmer dont la thématique avait jadis choqué une Amérique pudibonde ; l'intérêt sera désormais historique.
Je n'avais plus lu Edmond Hamilton depuis près de vingt-cinq ans et le sentiment qui prévaut désormais est la déception, le charme n'agit plus, tout du moins sur cet opus. Avec ses animaux télépathes parlants, La Vallée de la création, naguère parue au Masque « SF » sous le titre La Vallée magique est à lire, oui, mais avant onze ans…