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Les critiques de Bifrost

La Vallée de la création

Sébastien GUILLOT, Edmond HAMILTON
TERRE DE BRUME
160pp - 15,25 €

Critique parue en avril 2018 dans Bifrost n° 90

Publié pour la première fois dans Startling Stories en juillet 1948, puis en vo-lume en 1964, ce roman connut une première parution française sous le titre La Vallée magique chez Opta, collection « Galaxie-Bis ». Titre qu’il conserva lors de sa réédition au sein du Masque « Science-Fiction », avant de ressortir chez Terre de Brume en 2005 sous un titre plus fidèle à l’original : La Vallée de la création.

Eric Nelson, un mercenaire qui, avec trois de ses confrères, travail-lait pour un seigneur chinois, se retrouve au chômage lorsque son commanditaire décède. Pire, Nelson et ses trois amis doivent fuir car l’armée de la République populaire de Chine, que le seigneur combattait, est à leurs trousses. Aussi, quand Shan Kar, un homme venu d’une mystérieuse vallée himalayenne, leur propose de combattre à ses côtés, ils acceptent aussitôt. Arrivés dans la montagneuse L’Lan, ils comprennent vite que la lutte est âpre entre le Parti des Humanites de Shan Kar, qui prône la supériorité humaine, et la Fraternité, où hu-mains et animaux sont égaux, communiquant télépathiquement entre eux…

Ce court roman, rythmé, très agréable à lire, permet de renouer avec le plaisir des pulps. On ne s’y ennuie pas une seconde, c’est frais et dépaysant, on y trouve la petite touche romantique habituelle, bref, tout est fait pour qu’on y passe un bon moment. Bien entendu, si les rebondissements et coups de théâtre habituels se succèdent sans temps mort, il faut reconnaître que concernant ce dernier point, soixante-dix ans ont passé, et le lecteur d’aujourd’hui, plus aguerri, devinera aisément les éléments à venir de l’intrigue ainsi que l’évolution psychologique du personnage d’Eric Nelson. Ce mercenaire, antipathique au début, se range peu à peu aux idées de partage prônées par la Fraternité. Malgré l’aspect prévisible du récit, et son propos un brin naïf, on ne saurait toutefois en tenir rigueur à l’auteur, tant son message de tolérance est bienvenu. D’ailleurs, tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît – et à ce titre la fin, qui, au passage, fait définitivement basculer ce roman dans la science-fiction, est moins heureuse qu’attendu.

Roman mineur dans l’œuvre d’Hamilton, La Vallée de la création reste éminemment lisible du fait de son énergie communicative. On le conseillera néanmoins plutôt aux jeunes lecteurs, pour qui il semble parfaitement adapté, ou aux adultes restés réceptifs à un certain esprit pulps, qui goûtent les divertissements simples mais honnêtes.

Bruno PARA

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