Roland LEHOUCQ, J. Sébastien STEYER, Laurent GENEFORT
LE BÉLIAL'
256pp - 19,90 €
Critique parue en janvier 2023 dans Bifrost n° 109
Y a-t-il une vie dans les étoiles ? Et si oui, sous quelle forme existe-t-elle ? Où peut-elle se nicher ? Que vous soyez juste curieux, amateur d’astrophysique et/ou de science-fiction, voire simplement rêveur, ces questions vous ont sans doute traversé l’esprit quand vous levez le nez en l’air, la nuit. Ce nouvel opus de la collection « Parallaxe », La Vie alien, se propose de donner diverses pistes de réponses auxdites questions. Avec, à chaque fois, des allers-retours entre le monde réel tel qu’on le connaît et des œuvres de fiction (livres ou films principalement), selon le principe bien connu de cette collection. Les première et deuxième parties, rédigées par Roland Lehoucq, abordent l’infiniment grand : formation d’une étoile (ou de plusieurs cheminant de concert dans l’espace) et de son système planétaire, des planètes du système en question, de leurs satellites, etc. Avec à chaque fois les conséquences physiques, mais aussi intellectuelles, qu’emplacement et composition des corps célestes pourraient avoir sur les formes de vies qu’ils sont susceptibles d’héberger. Une vie née au milieu d’un amas d’étoiles, sur une planète à la gravité imposante ou avec plusieurs satellites naturels, n’aurait pas la même physionomie, ni même les mêmes curiosités intellectuelles ou croyances… La troisième partie, par Jean-Sébastien Steyer, s’intéresse au vivant dans son ensemble, et pas uniquement à une espèce sentiente potentiellement capable d’interagir avec des êtres humains. Là aussi, la définition de ce qu’est le vivant, ou des capacités de communications et d’interactions entre espèces, telles qu’elles existent actuellement, dépassent souvent ce qu’a pu imaginer la fiction. Enfin, les trois derniers textes, écrits par un scientifique et deux auteurs de science-fiction (respectivement Willy Ley, Hal Clement et Laurent Genefort), à plusieurs décennies d’écarts, expliquent comment élaborer des aliens crédibles dans ses récits. Si chaque auteur aura une méthode différente, tous s’appuient sur l’état des sciences de leur époque (et les domaines scientifiques à la mode de leur temps – modes qui ont bien changé entre le milieu du XXe siècle et le XXIe siècle), sans oublier des exemples fictifs.
Pour une collection ambitionnant de « faire dialoguer science et science-fiction », force est de constater que La Vie alien est une réussite. Venus d’horizons divers, les auteurs ont tous parfaitement joué le jeu en mêlant ce que l’on sait, ce qui a été imaginé (avec ses avantages et ses incohérences), et ce qu’on peut imaginer (en attendant peut-être de rencontrer des aliens). Le tout en demeurant accessible, sans obliger sans cesse le lecteur à se replonger dans un dictionnaire ou un manuel scolaire. Le seul bémol, à la lecture en version papier, est le positionnement des notes à la fin de chaque grand chapitre plutôt qu’en bas de pages ou en toute fin d’ouvrage. Un parti pris qui oblige à multiplier les marque-pages et les allers-retours, et freine la lecture.