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Les critiques de Bifrost

La Vie ô combien ordinaire d'Hannah Green

La Vie ô combien ordinaire d'Hannah Green

Michael Marshall SMITH
BRAGELONNE
416pp -

Bifrost n° 102

Critique parue en avril 2021 dans Bifrost n° 102

À la manière de feu Iain (M.) Banks, Michael Marshall (Smith) sépare sa production littéraire entre les romans relevant de l’Imaginaire et les autres. Le présent roman, signé Michael Marshall Smith, appartient donc à la première catégorie et, comme son titre le laisse supposer, il s’attache à raconter la vie d’Hannah Green lorsque son quotidien prend un cours inattendu. Fillette de onze ans persuadée de mener une vie tout ce qu’il y a de plus normal, elle subit la séparation surprise de ses parents ; lorsque son scénariste de père ne parvient plus à gérer la situation, Hannah se retrouve propulsée chez son grand-père. Une nuit, celui-ci accueille un vieillard vêtu de noir, accompagné par un champignon géant qui parle et colle la poisse (un gnome accidenteur plein de gouaille). L’homme en noir n’est autre que le diable, et il a un problème : l’énergie émise par les humains commettant de mauvaises actions ne lui parvient plus. Or le grand-père d’Hannah a, des siècles plus tôt (car, oui, bosser pour le diable fait vivre longtemps), fabriqué une machine canalisant cette énergie. Il faut la réparer… mais l’objet attise les convoitises de puissances maléfiques, et à tout prendre, le diable a tout l’air de représenter le moindre mal. Ce sera pour Hannah Green, son grand-père, le diable et le gnome, l’occasion de partir dans un étrange road trip, en tâchant d’embarquer le lecteur avec eux. Quel lecteur, d’ailleurs ? Pour le lecteur adulte, le roman de Michael Marshall Smith paraîtra un brin trop jeunesse, mais pas sûr que le jeune lecteur soit convaincu par un ton enfantin sonnant faux. L’auteur n’écrit pas ici pour la jeunesse mais pour l’idée qu’il se fait de la jeunesse : raté. Le roman semble assis entre deux chaises et, entre éclats gore inattendus, tentatives d’humour tombant parfois à plat, réflexions génériques sur le pouvoir des histoires et péripéties picaresques des protagonistes, il donne surtout envie de se replonger dans De bons présages de Neil Gaiman et Terry Pratchett.

Erwann PERCHOC

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