Année 1845, nord-est des Etats-Unis : un couple d’extraterrestres venant de l’espace meurt lors de sa transformation en être humain. Leur progéniture, Tink Puddah, incomplètement métamorphosée, est adoptée par un chasseur et sa femme. Débutent alors les aventures de ce petit être à la peau bleue dans l’Amérique rustique et précaire du milieu du XIXe siècle, jusqu’au jour où il est retrouvé mort, abattu d’un coup de fusil en pleine tête.
La construction du roman alterne des scènes du passé donnant un éclairage sur l’apprentissage du jeune Tink Puddah — ses difficultés d’insertion, l’évolution de sa compréhension du monde humain — avec des scènes postérieures à sa mort mettant en lumière les personnages qu’il aura croisés dans son parcours chaotique : un pasteur torturé, un shérif magnanime, un armurier roublard, un médecin bourru… les deux temporalités permettant évidemment de résoudre l’énigme de cette vie secrète et remarquable.
Voici un premier roman encensé par la critique, et quelle critique ! Nancy Kress, Orson Scott Card, Mike Resnick, James Patrick Kelly… n’en jetez plus ! Là, on se dit qu’on tient quelque chose de sérieux ! La quatrième de couverture en rajoute une louche : « Un croisement inédit entre E.T. et Croc-Blanc, un hybride littéraire unique en son genre. A coup sûr, un roman aussi bouleversant qu’inclassable. » Euh… ici, on commence à se demander si quelqu’un n’en fait pas un peu trop. Bon, soyons clair : il ne s’agit pas vraiment d’un hybride littéraire unique, et il n’est ni bouleversant, ni inclassable. Enfin, moi je m’en suis remis très vite !
Mais alors de quoi s’agit-il, monsieur Ramirez ? Je m’en vais vous le dire de suite, ma bonne dame : j’ai tout noté sur un post-it.
Nous avons donc en points forts : un roman court (265 pp.), une rareté appréciable. Une écriture très sensorielle nous rappelant au bon souvenir de maître Clifford D. Simak (quand même). Une intrigue plutôt bien ficelée même si un peu légère, mais bon, difficile de réinventer l’eau tiède. Un texte empreint d’humanisme sans mièvrerie. Une sensation de fluidité d’écriture agréable.
Mais alors, qu’est-ce qui cloche, monsieur Ramirez ? On y vient !
Certains thèmes importants du roman, la construction identitaire, la quête de sens, le mysticisme, ne sont qu’effleurés et les personnages manquent parfois de profondeur. On suit l’auteur et ses personnages mais on ne prend pas part à la réflexion.
Voilà, c’est ça ! C’est la différence qu’il y a entre Terry Gilliam et Steven Spielberg : l’un vous fait réfléchir, l’autre réfléchit à votre place (et encore). DiChario se contente de faire du Spielberg alors qu’il pourrait faire du Gilliam. Spielberg c’est bien, Gilliam c’est mieux.
Au final, on ne sait pas trop si on tient un scénario pour blockbuster ou un ouvrage plus ambitieux où l’auteur aurait manqué d’exigence dans l’exploration de ses personnages : on est à la fois tenté et un peu déçu.
On restera donc sur un plaisir de lecture facile en attendant mieux de cet auteur prometteur. Peut-être l’éventuelle traduction de son second roman, Valley of Day-Glo. A suivre.