Connexion

Les critiques de Bifrost

La Voie du Cygne

Laurent KLOETZER
FOLIO
496pp - 10,40 €

Critique parue en décembre 1999 dans Bifrost n° 16

Après un premier roman, Mémoire vagabonde, salué par tous et couronné en 1998 par le prix Julia Verlanger, Laurent Kloetzer revient avec cette Voie du cygne, fantasy à la mode Renaissance comme il en paraît de plus en plus, mais dont on n'a pas encore réussi à se lasser. Première originalité de cette histoire, celle de s'inspirer du jeu de l'oie, amusement enfantin qui à priori semble peu propice à stimuler l'imagination. Pourtant, quand on voit le résultat auquel Kloetzer est arrivé, on se prend à rêver que, pour son prochain livre, Serge Lehman s'inspire des petits chevaux. Ou Dunyach des sept familles (« C'est ce qu'il a fait pour Étoiles mourantes », me souffle une petite voix perfide. Passons.)

L'action se situe dans le domaine de Dvern, ville portuaire dirigée par le jeune prince Melki. Jeophras Denio est un universitaire, respecté, si ce n'est sa passion et son acharnement à construire un engin volant, lubie qui n'est pas du goût de tous. Mais ses projets connaissent un sérieux coup d'arrêt lorsqu'il apprend que Carline, sa fille adoptive, a été arrêtée et est fortement soupçonnée du meurtre du prince Nerio, dirigeant d'un domaine voisin en visite à Dvern. Denio va faire tout son possible pour prouver l'innocence de sa fille, aidé en cela par Jaran, le propre frère de Melki, qui le charge de mener l'enquête en son nom.

La Voie du cygne se présente donc sous la forme d'une enquête policière classique, Denio tentant au fil de ses rencontres de reconstituer les événements qui ont entraîné la mort de Nerio. En parallèle, Kloetzer met en scène d'autres situations, survenues vingt années plus tôt et qui, on s'en doute, joueront un rôle crucial dans la résolution de cette affaire. Soyons clair, ce roman est passionnant de bout en bout. Le récit est d'une fluidité exemplaire, sa construction parfaite. Que manque-t-il pour en faire un chef-d'oeuvre ? Pas grand chose, une petite dose d'inventivité, un soupçon d'excentricité, dont ont su faire preuve récemment, et dans un registre proche, des auteurs comme Hervé Jubert ou David Calvo.

Alors quoi ? La Voie du cygne n'est pas un chef-d'oeuvre ? Et alors ? Tel quel, c'est un livre tout à fait réjouissant, un authentique plaisir de lecture. On attend la suite avec délectation.

Philippe BOULIER

Ça vient de paraître

Les Armées de ceux que j'aime

Le dernier Bifrost

Bifrost n° 116
PayPlug