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Les critiques de Bifrost

La Volonté du Dragon

La Volonté du Dragon

Lionel DAVOUST
CRITIC
176pp - 13,30 €

Bifrost n° 59

Critique parue en juillet 2010 dans Bifrost n° 59

Lionel Davoust, né en 1978, s’est récemment fait remarquer, dans le bon sens de l’expression, avec deux nouvelles, « L’Île close » (Prix Imaginales 2009), et « Bataille pour un souvenir » (finaliste du dernier GPI nantais), ainsi qu’avec une traduction, celle d’Immortel de Traci L. Slatton (chez l’Atlante, roman finaliste du premier GPI « Etonnants voyageurs »). Aucun doute, il s’agit là d’un auteur / traducteur à suivre.

La volonté du dragon est son premier roman publié. On y suit une invasion, celle que va subir un petit royaume médiévalo-arabisant, Qhmarr, convoité par un empire magico-steampunk, celui d’Asreth. Ce qui n’aurait dû donner au mieux qu’une autre « guerre des six jours », se transforme en gigantesque partie d’échecs (ici appelés Lah) qui, rapidement, tourne à la défaveur de l’empire d’Asreth.

Voilà un roman, plutôt ambitieux dans ses thématiques, qui souffre de plusieurs défauts rédhibitoires : on a déjà lu cent fois cette opposition magie/technologie et en mieux (Station des profondeurs et Jack Faust, de Michael Swanwick), l’écriture oscille entre le maniéré raté et le sec plutôt réussi mais, dans le cas présent, à côté de la plaque ; les personnages, dans leur grande majorité, n’ont aucune consistance (pas de passé, pas de famille, pas de motivations) ; faute de personnage attachant (et/ou fascinant) il n’y a aucun enjeu réel autre que celui de la bataille, qui n’est pas un enjeu car on ne se soucie à aucun moment de son issue. Tout ça fait très jeu vidéo novélisé par une Tanith Lee en petite forme.

Par conséquent, l’ennui règne en maître de la première à la dernière page, et on a l’impression (sans doute fausse) que l’auteur a voulu transformer un projet de novelette en roman, rajoutant à la ligne narrative principale (la partie de Lah), des lignes narratives supplémentaires qui, une fois réduites à leur réelle importance/consistance, se révèlent aussi fines qu’un nappage de sucre glace.

Pour couronner le tout, des dessins hideux et immatures enluminent l’objet.

Rien d’inoubliable, rien de honteux (même si on doute que l’auteur ait vraiment fait de son mieux) ; par conséquent, on se permettra de « passer » et d’attendre le prochain.

Thomas DAY

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