Poul ANDERSON, Manly Wade WELLMAN, Stephen LAWS, Seabury QUINN, Roberta LANNES, Lireve MONET, Kim ANTIEAU, Howard WANDREI, Ramsey CAMPBELL, Pat MURPHY, Pierre-Paul DURASTANTI
DENOËL
284pp - 17,53 €
Critique parue en février 2000 dans Bifrost n° 17
Parmi les mythes qui ont nourri la littérature et le cinéma, celui du loup-garou occupe une place non négligeable, même si sa situation est moins enviable que celle du vampire et a donné naissance a beaucoup moins de classiques et/ou de chefs-d’œuvre. Cette anthologie, concoctée par Barbara Sadoul, s'intéresse à l'interprétation du mythe à diverses périodes. C'est sa première qualité : mêler des textes des années trente (tous issus du Weird Tales de la grande époque) et des nouvelles plus récentes (années 80-90, à l'exception du Poul Anderson de 1956).
Commençons par les anciens. Sur les quatre proposés, on trouve au moins deux très bons textes : « Le Loup de Saint-Bonnot » de Seabury Quinn et « Norne » de Lireve Monet. Le premier est une aventure de jules de Grandin, détective de l'étrange français, héros malheureusement toujours trop méconnu — ceux qui ne l'auraient pas encore fait sont vivement incités à se jeter sur Jules de Grandin, le Sherlock Holmes du surnaturel, recueil paru il y a quatre ans en Fleuve Noir « Super Poche », ça peut peut-être encore se trouver. Le second raconte la fascination d'une petite fille pour sa tante, au charisme surnaturel, et l'évolution de cette relation au fil des ans. On a ici presque plus l'impression d'avoir affaire à une histoire de vampirisme que de ''garouage'', mais le résultat est très réussi. « L'horreur immortelle », de Manly Wade Wellman, est lui aussi un bon texte, hélas gâché par une fin inutilement moraliste. En fait, de ces récits anciens, seul celui d'Howard Wandrei, « La Main de la fille O'Mecca », accuse ses années et ne présente aujourd'hui plus grand intérêt.
Nouvelle intermédiaire et atypique, « Opération éfrit » de Poul Anderson part d'une idée originale et amusante : décrire une guerre moderne dans laquelle les dragons remplacent les blindés, les balais volants l'aviation, et où les loups-garous sont employés comme éclaireurs. Néanmoins, la farce tourne court assez rapidement et l'on finit par s'ennuyer.
Du côté des œuvres récentes, on lira avec amusement « Coupable » de Stephen Laws, dont la famille de dégénérés qui y est décrite rappelle furieusement celle de Massacre à la tronçonneuse. Bon texte également de Roberta Lannes, « La Proie », histoire d'amour entre une lycanthrope et un humain. En revanche, « La Marque de la bête » de Kim Antieau ne présente pas grand intérêt, et celui de Ramsey Campbell, « Le Changement », me semble des plus nébuleux. Reste « Au sud d'Oregon City », de Pat Murphy encore une histoire d'amour mais allant à l'encontre des conventions du genre, et qui clôt en beauté cette anthologie globalement plutôt réussie.