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Les critiques de Bifrost

Le bar de l'enfer

Le bar de l'enfer

A. Lee MARTINEZ
FLEUVE NOIR
16,90 €

Bifrost n° 64

Critique parue en octobre 2011 dans Bifrost n° 64

Si Le Bar de l’enfer (atroce, ce titre français, en passant) était un film (ce qu’il sera bientôt), ce serait un buddy movie, au détail près que les buddies en question, Earl et Duke, ne sont pas policiers mais un vampire chauve et un loup-garou très poilu. Un peu contre leur gré, ils passent leurs vacances, fauchés, à Rockwood, où se trouve un diner (restaurant américain typique) pour le moins assailli par des zombies et autres goules (l’épisode des vaches zombies est à se pisser dessus… de rire). Le coupable de toute cette activité surnaturelle à découvert est une coupable : Maîtresse Lilith, qui n’a qu’un adepte : Chad, l’éjaculateur précoce. Maîtresse Lilith est en fait une jeune ado américaine, moitié jap’ (ah ! le charme torride du métissage), remplie d’hormones jusqu’au menton et d’idées occultes à la con au-dessus. Cela dit, on ne peut pas lui ôter un certain savoir-faire en allumage et en cérémonies d’invocation de forces très anciennes.

Comme Duke en pince pour Loretta, la propriétaire du diner (qui, évidemment, selon ses dires, ne lui fait aucun effet), comme Earl en pince lui pour la jolie fantôme qui garde le cimetière local, et comme maîtresse Lilith veut devenir maîtresse d’un monde de ruines et de cendres, la guerre est déclarée !

Ça va gicler (vert dégoûtant, la plupart du temps).

Voilà un livre qui joue à cent pour cent la carte du divertissement cradingue et mauvais esprit (on pense bien évidemment à Une nuit en enfer, de Robert Rodriguez, d’où le titre français naze auquel on se permettra de préférer Un diner en enfer, qui aurait été plus proche du livre). L’absolu contraire de Twilight. Pas de la grande littérature (ah ça, non !), mais plutôt un roman jouissif qui alterne dialogues marrants et scènes d’action délurées. C’est la première fois que je lis un livre en collection jeunesse qui me semble vraiment s’adresser aux adolescents : y’a du sexe (beaucoup), de la bière, des trucs gothiques plus ou moins classiques, des gros mots (et des blagues à la tonne, qui sont… niveau adolescent).

Seule ombre au tableau, une traduction française correcte mais qui pose un problème intéressant, car il fallait sans doute, pour retranscrire le côté punchy de la prose de Martinez, une « adaptation vigoureuse », ce qui est davantage un travail d’écrivain qu’un travail de traducteur. Patrick Imbert s’en sort plutôt pas mal, mais ses dialogues n’ont pas l’abattage des dialogues VO.

A offrir à votre ado pour lui montrer qu’il existe aussi des livres de fantasy redneck avec des petites salopes de 17 ans qui ont le feu au cul, un feu d’enfer, évidemment…

Pour moi, ce sera un zombie burger with cheese, un coca-goula et une belle part de frites. Sans modération.

Thomas DAY

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