Comme avec chacun de leurs nouveaux auteurs ou presque, les éditions Mnémos présentent le premier roman de Fabien Cerutti comme un véritable coup de maître, voire la révélation de l’année, une de plus…
Un procédé pas forcément des plus efficaces, car qui se laisse encore « berner » par ce genre d’approches parmi les amateurs de fantasy ? Ce qui ne dissuade pourtant pas les éditeurs de remettre en jeu leur réputation, encore et encore, au moins aux yeux des spécialistes du rayon… que nous tenterons de représenter ici pour l’occasion.
A juger du roman lui-même, il apparaît bien vite que l’auteur a su trouver un ton à lui et sait communiquer un enthousiasme évident pour cette intrigue touffue à forte composante historique. Le lecteur ne sera donc guère surpris d’apprendre que Fabien Cerutti porte en lui cette histoire depuis des années.
Passons sur les défauts qui sautent tout aussi rapidement aux yeux : un personnage principal qui écrase un peu trop les autres, au point d’adopter un comportement parfois caricatural (tout ce qui concerne les femmes…), une gestion de la narration à la première personne pas toujours efficace, des rebondissements qui, de fait, s’avèrent de temps en temps téléphonés… De quoi se dire que l’on préfèrera attendre de voir si l’auteur aura quelque chose de mieux à nous proposer à l’avenir, après ce galop d’essai ? De quoi justement en revenir à la gestion de son éditeur ?
Pas si vite. On l’a dit, ce roman est doté de qualités, des qualités qui vont au-delà de l’enthousiasme propre à celui ou celle qui veut bien faire. Le Bâtard de Kosigan nous entraîne dans une Champagne uchronique savoureuse, un univers singulier qui apporte une vraie plus-value au récit, notamment du fait de son souci du détail quant aux aspects historiques purs et durs. La gestion des manœuvres politiques, comme souvent très présente en fantasy, se révèle également appréciable, d’autant que Pierre Cordwain de Kosigan a le bon goût de ne pas apparaître comme un pantin entre les mains de son créateur. Plutôt futé, le pragmatisme dudit héros jouera plus d’une fois en sa faveur, alors que les pièges mortels ne manquent pas. De quoi nous tenir en haleine jusqu’au bout et conclure sur une impression positive.
On pourrait même aller plus loin et en revenir à notre introduction : si ce même roman était paru chez Bragelonne, il est probable qu’on en aurait parlé autant que de La Voie de la colère d’Antoine Rouaud ; Le Bâtard de Kosigan n’a pas à rougir de la comparaison.
Précisons enfin qu’il s’agit malgré tout d’un roman très porté sur l’action et l’aventure : pour qui cherche davantage que quelques heures de distraction, la déception pourrait donc poindre, car même si l’on se prend à espérer plus en cours de route, le roman n’exploite pas le potentiel entrevu. Plaisant, en somme, c’est sûr, mais pas particulièrement marquant.