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Les critiques de Bifrost

Le Bibliomancien

Le Bibliomancien

Jim C. HINES
L'ATALANTE
384pp - 22,50 €

Bifrost n° 84

Critique parue en octobre 2016 dans Bifrost n° 84

Passé sous le radar de la critique jusqu’à présent, Jim C. Hines n’est pas vraiment un nouveau venu, puisque « Magie Ex Libris » est sa troisième série traduite en France, après « La Trilogie du Gobelin », dont seuls deux tomes ont été publiés par l’Atalante, sous des couvertures à ce point immondes qu’il est inexplicable qu’elles n’aient pas ramassé quelque Razzie en leur temps, et « Princesses mais pas trop », œuvre pour la jeunesse mettant en scène diverses héroïnes de contes de fées, elle aussi abandonnée par Castelmore avant son terme (trois tomes sur quatre traduits). Sa nouvelle série se veut un brin plus ambitieuse et se rapproche par son utilisation de la magie des « Thursday Next » de Jasper Fforde. Mais là où ce dernier plongeait ses héros au cœur des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, ceux de Hines, à l’inverse, y puisent divers artefacts (des armes le plus souvent) pour les introduire dans notre univers. Isaac Vainio était l’un de ces bibliomanciens capables de telles prouesses, membre de l’organisation secrète Die Zwelf Portenaere, jusqu’à ce que l’une de ses missions tourne au désastre et qu’il soit mis sur le banc de touche, ou plus exactement derrière le guichet d’une bibliothèque. L’irruption d’une bande de vampires sur son lieu de travail va néanmoins l’amener à reprendre du service.

À première vue, Le Bibliomancien semble relever d’une urban fantasy des plus banale, mettant avant tout l’accent sur l’action, incessante tout au long de ces 350 pages. Néanmoins, Jim C. Hines parvient à y glisser quelques nuances bienvenues et une pincée d’idées intéressantes. À commencer par Die Zwelff Portenaere, ordre fondé par nul autre que Johannes Gutenberg six siècles plus tôt, et gardant jalousement les secrets de sa magie. Les personnages principaux, eux aussi, finissent par révéler une épaisseur que l’on ne soupçonnait pas à première vue. Jusqu’à la romance entre le héros et Léna, la nymphe tendance cuir et moto qui l’accompagne dans ses pérégrinations, qui va progressivement s’avérer moins convenue que ce à quoi on pouvait s’attendre. Cela ne suffit pas tout à fait à faire de ce roman autre chose qu’un sympathique divertissement, pas suffisamment inventif pour être vraiment mémorable, mais au moins arrive-t-on au terme de ce récit sans l’impression pénible d’avoir perdu son temps. On saura s’en contenter.

Philippe BOULIER

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