Imaginez un lourd volume de 700 pages, consacré aux amours contrariés de… deux taupes ! Voilà qui en ferait hésiter plus d'un, non ? Eh bien, celui-là aurait tort et il raterait, croyez-le bien, une expérience exceptionnelle valant largement l'investissement en temps et en argent que Le bois Duncton implique.
Parce qu'il est très facile de s'identifier aux habitants des réseaux souterrains de la colline d'Uffington. Parce que le déclin de la paix et du droit au sein de cette cité des Taupes après le coup de force de Mandrake produit un sentiment égal au spectacle de toutes les communautés humaines frappées par les putschs, la guerre civile ou la main-basse mafieuses. Parce que l'amour d'une guérisseuse prodigué à ses patients, la ferveur désespérée d'un vieux sage, l'élan dévorant pour le savoir d'un jeune héros, le malheur accablant une jeune mère, les manigances de basses politiques tout ça et bien d'autres choses forment un kaléidoscope d'émotions surpuissantes capables de vous émouvoir aux larmes.
Certes, c'est un peu long sur la fin et ça manque un tantinet d'humour. Ce qui n'empêche pas Le bois Duncton, par certains aspects, de rivaliser avec Le Seigneur des Anneaux. Une véritable découverte pour le lecteur francophone et un nouveau coup de maitre pour les éditions de l'Atalante.