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Les critiques de Bifrost

Le Casse du continuum - Cosmique fric-frac

Le Casse du continuum - Cosmique fric-frac

Léo HENRY
FOLIO
304pp - 8,90 €

Bifrost n° 74

Critique parue en avril 2014 dans Bifrost n° 74

Une fois par an environ, la collection « Folio SF » nous fait encore la bonne surprise de publier une œuvre inédite, et cette année le créneau a été confié à Léo Henry, auteur décidemment très présent en ce début d’année, qui a profité de cette opportunité pour s’amuser avec les stéréotypes du genre, ou plutôt des genres, puisque Le Casse du continuum emprunte autant aux codes de la science-fiction d’aventure qu’à ceux du polar. Le cadre dans lequel se déroule ce récit n’a en effet rien d’original : un empire terrien qui s’étend aux quatre coins de la galaxie (dans laquelle on ne trouvera hélas pas la queue / le tentacule / l’appendice d’un extraterrestre), où l’opulence la plus insolente côtoie la misère la plus crasse, et où l’on se bat dans l’espace à grands coups de rayons laser. L’intrigue, quant à elle, relève du polar le plus classique : une équipe de sept individus, chacun étant le meilleur dans son domaine respectif (un cambrioleur, une mercenaire, une experte en explosifs, une call-girl, etc.) est réunie pour réaliser un coup a priori impossible : s’introduire dans le saint des saints, au cœur même de l’ordinateur qui gère les activités humaines à travers tout l’empire. Avec à la clé pour les différents protagonistes la promesse de voir tous leurs vœux exaucés, bien entendu.

Inutile donc de chercher la moindre idée novatrice dans ce roman, ni de pointer ses quelques invraisemblances, son intérêt se trouve ailleurs, en premier lieu dans le rythme effréné que Léo Henry donne à son récit d’un bout à l’autre. Pas le temps de s’ennuyer, péripéties, rebondissements, trahisons et retournements de situation s’enchaînent sans le moindre temps mort.

L’autre réussite du Casse du continuum, ce sont ses personnages, auxquels on s’attache assez vite, le romancier leur ayant donné ce qu’il faut d’épaisseur, voire, pour certains d’entre eux, d’étrangeté. C’est le cas en particulier de Kaboom, fillette dynamiteuse accompagnée d’un couple de parents-androïdes qui lui servent de couverture, ou du Rétrominot, un gamin dont la perception du temps pour le moins singulière va jeter ses compagnons (et occasionnellement le lecteur) dans un abyme de perplexité.

Alors certes, Le Casse… n’est sans doute pas ce que Léo Henry a écrit de mieux. Le roman n’a ni l’ambition ni l’originalité de ses précédentes œuvres. C’est un livre qui n’a d’autre prétention que de distraire, et qui y parvient on ne peut mieux, comme un épisode de Firefly écrit par Donald Westlake ; on aurait bien tort de bouder son plaisir.

Philippe BOULIER

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