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Les critiques de Bifrost

Le chien de ma chienne

Le chien de ma chienne

Arthur BRADFORD
DENOËL
192pp - 18,00 €

Bifrost n° 31

Critique parue en juillet 2003 dans Bifrost n° 31

Si, par un chaud début de soirée, au cours d'une balade dans l'un de ces bleds paumés du sud des États-Unis, vous caressez distraitement le vieux clébard mité passant par là et que, contre toute logique, ce dernier vous remercie d'un ton badin, pas de panique : vous vous trouvez dans une nouvelle d'Arthur Bradford… Et autant vous prévenir : vous n'allez pas tarder à croiser des limaces de quatre kilos, un homme de trente centimètres, une nouvelle Marie vivant dans un poumon d'acier, un bon paquet d'handicapés du bulbe et autres manchots de l'affectif… bref, un défilé de curiosités de fête foraine digne du grand Barnum. Lire Le Chien de ma chienne, c'est comme aller à la foire : on s'amuse, on rigole, on s'inquiète aussi un peu, parfois, au contact de ces étranges échantillons d'humanité déglingués.

Voici donc un recueil étonnant, un livre qui réunit une douzaine de textes extrêmement courts, tous rédigés à la première personne, où l'on suit les déboires d'un narrateur au calme imperturbable. On y assiste, et lui aussi d'ailleurs, au spectacle de sa vie, une vie faite de petites rencontres bizarres, un quotidien comme d'une immuable monotonie et pourtant pétri d'un fantastique improbable. Tout est normal, quoi…

Bref, un livre curieux, tout en décalages d'ambiances, un livre drôle et tendre rédigé dans un style limpide, premier recueil d'un auteur de 34 ans qui réussit la gageure d'imposer, en cent soixante pages à peine, un ton résolument personnel et un univers ô combien inédit. Une jolie découverte et un écrivain à suivre même si, pour se faire, il vous faudra y mettre le prix — à 18 euros les deux heures de lecture, aussi agréables soient-elles, c'est quand même pas cadeau…

Olivier GIRARD

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