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Les critiques de Bifrost

Le Cycle du Guerrier de Mars

Le Cycle du Guerrier de Mars

Michael MOORCOCK
OMNIBUS
22,80 €

Bifrost n° 51

Critique parue en juillet 2008 dans Bifrost n° 51

En introduction au Cycle du guerrier de Mars, Moorcock explique qu'il a appris le métier en se mettant dans les pas de Burroughs, dont il est redevable pour la simplicité et l'efficacité de sa technique d'écriture — on sent aussi ici, et très clairement, l'influence de la grande Leigh Brackett. Hommage avoué ou facilité de godelureau pressé de se faire un nom ? Peu importe. On sait que tout un pan de l'œuvre moorcockienne répond à des impératifs alimentaires : ses premiers textes récitent avec sérieux et application, sans prétention aucune, les leçons apprises dans l'ombre du créateur de Tarzan. Cette édition omnibus contient trois romans, un fix-up et une nouvelle, le tout relatant les héroïques aventures de Michael Kane, Sojan et consorts.

Michael Kane est la tête d'affiche du Cycle du guerrier de Mars. Il a inventé un transmetteur de matière. Au cours d'un essai, l'appareil se dérègle et le physicien se retrouve projeté sur la planète Mars, plusieurs millions d'années dans le passé. Il y découvre un monde barbare et coloré et s'éprend de Shizala, princesse de Varnal, dont la principale vocation (semble-t-il) est d'attirer toutes sortes de dangers pour éprouver le courage de son amant. Dans un troublant mimétisme, les deux premiers romans (La Cité de la bête et Le Seigneur des araignées) racontent peu ou prou la même histoire. 1/ Shizala est dans le pétrin, Kane sort sa grosse épée pour l'en sortir. 2/ De retour sur Terre et donc loin de Shizala, Kane construit un nouveau transmetteur et traverse le temps et l'espace pour rejoindre sa fiancée aux seins bronzés. Dans Les Maîtres de la fosse (troisième et dernier volet), on frôle l'originalité : Kane, marié et devenu prince de Varnal, doit chercher un remède à une épidémie qui décime son peuple d'adoption. Au fil du cycle, les obstacles et le danger vont crescendo. Géants bleus, monstres aux pieds velus, princes vicieux de cités pourries par le lucre, animaux transgéniques (si, si), guerriers fous, conquérants démoniaques, tous les clichés y passent, ad nauseam. De l'aveu de l'auteur, il ne faut pas chercher autre chose dans ces romans que l'évasion, le délassement. Il est vrai que tout concourt à une lecture facile et rapide, voire distraite : on peut sauter allégrement quelques pages sans perdre le fil. Le fond et la forme sont en parfaite adéquation. Voici des histoires pleines de situations et d'images exotiques, mais clairement identifiables. Des histoires à la cérébralité proche du néant et débarrassées de toutes scories psychologisantes, au bénéfice de l'action pure. Bien qu'il soit physicien, Kane se sert en effet moins de son intellect que de son épée !

Les gourmands, les sadiques pourront remettre le couvert en lisant les quelques nouvelles consacrées au mercenaire Sojan, dont je ne vous dirai rien, n'ayant pas eu l'appétit (ou la perversion) nécessaire. Œuvre mineure, de jeunesse et alimentaire, ce recueil satisfera les aficionados de Moorcock, ceux qui cherchent un passe-temps pour la plage ou qui veulent rigoler un bon coup. Vous, je ne sais pas, mais moi je suis repu pour un bon moment. Burp.

Sam LERMITE

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