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Les critiques de Bifrost

Le Dernier des Francs

Le Dernier des Francs

Michel PAGEL
BLACK COAT PRESS
240pp - 17,00 €

Bifrost n° 68

Critique parue en octobre 2012 dans Bifrost n° 68

César est mort ! Assassiné ! Vous le saviez déjà ? Oui, mais ce que vous ignorez, c’est que, dans Le Dernier des Francs, il ne tombe pas, comme nous l’ont appris nos livres d’histoire, sous les coups de sénateurs effrayés de la place que prenait ce grand homme. Il ne meurt pas trahi par son fils adoptif, Brutus, en prononçant ces paroles célèbres : « Toi aussi, mon fils. » Non, César trépasse sous les coups d’un Gaulois, lors du siège d’Alésia, alors que celui qui allait devenir Vercingétorix (avec une majuscule) résistait encore. Brennus, par ce meurtre, a changé l’histoire. Notre histoire.

Et nous nous retrouvons huit siècles plus tard dans un univers bien différent de celui qu’enseignent les professeurs de latin à nos « chères têtes blondes ». L’empiré romain n’existe pas. Ou plutôt, si. Mais il est moins puissant, ayant dû partager le monde avec trois autres : les Celtes, bien sûr, les Parthes et les Huns. Un équilibre précaire est maintenu, malgré quelques escarmouches sans grande conséquence. Or, suite à des manœuvres de l’empereur de Rome, les Celtes et les Huns projettent de s’unir. C’est un mariage qui sera le garant de cette alliance. Pour les Romains, cette union ne peut avoir lieu.

C’est dans cette situation tendue qu’est plongé Lucius Antonius, un jeune Romain. Protégé par un sénateur puissant, il espère gravir les échelons du pouvoir malgré son handicap physique. Il n’est pas appelé Tubero (« le bossu ») pour rien. Et à Rome, en cette période, le physique joue un grand rôle. Aussi accepte-t-il sans hésiter longtemps la tâche qu’on lui confie : servir de couverture à une mission d’importance. Pour cela, il devra voyager jusqu’à Gergovie. Et y épouser une charmante jeune femme. Que demander de plus ? Hélas pour lui, rien ne va se dérouler comme prévu. Et ce périple de se transformer en cauchemar, aux conséquences autrement plus importantes que la simple petite vie de Lucius Antonius Tubero.

Michel Pagel est un habitué de l’histoire. Dans son cycle des « Immortels » (critique in Bifrost 46), il nous a entraîné en 3200 avant J.-C. à Sumer et en Egypte. Dans Le Roi d’août, c’est sur les pas de Philippe Auguste qu’il nous a conviés. Il n’y a donc rien d’étonnant à le voir une fois de plus nous offrir un récit aux apparences historiques. Car après la lecture du Dernier des Francs, il est difficile de ne pas croire à cette réalité, à ce monde imaginé mais aux accents si vrais. Les sociétés décrites, les personnages rencontrés et l’intrigue choisie sont frappants de réalisme. L’auteur connaît son sujet, on ne peut en douter. Et même si les aventures de Lucius manquent un peu de rebondissements, de surprises, la façon dont Michel Pagel nous les narre pallie cette légère réserve. Un roman qui mérite le détour, assurément.

Raphaël GAUDIN

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