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Les critiques de Bifrost

Noon – Le Désert des cieux

L. L. KLOETZER
LE BÉLIAL'
464pp - 23,90 €

Critique parue en juillet 2025 dans Bifrost n° 119

Un nouvel opus rime avec de nouvelles aventures (ou mésaventures, tout dépend du point de vue) pour Noon et Yors. De retour dans la Cité de la toge noire après des mois de voyage en terres mingoles, le magicien et son garde du corps rejoignent, non sans soulagement, les allées puantes de la ville et leur foyer rue de la Joie. Ils y retrouvent Meg, la servante, l’apprentie mage, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas chômé ! Se faisant passer pour son maître tout au long de son absence, elle lui a forgé une réputation de plus grand mage de la ville — ce qu’il est, assurément.

Mais pas le temps de se reposer, ni même de réfléchir aux conséquences de cette toute nouvelle renommée. Convoqué par dame Cordélia, le maître du soleil noir découvre que le palais royal s’effondre peu à peu, avec l’érosion de la magie du Grand Tubal qui le maintenait debout depuis sa construction. Des couloirs du château aux salles les plus obscures des catacombes, les compagnons n’ont pas fini de courir, au grand dam de Yors. Réussiront-ils à empêcher la destruction du palais ? Faut-il d’ailleurs vraiment le sauver ? Et quel est le lien avec l’étrange crypte funéraire construite par l’architecte Edmund à la demande de son père adoptif Béron, le roi des fossoyeurs ? Tant de questions auxquelles Noon devra trouver réponse, sans quoi les répercussions pourraient être bien plus funestes qu’il ne l’imagine.

C’est avec grand plaisir que l’on retrouve l’imprévisible Noon, la jeune Meg, et bien sûr Yors, le mercenaire, bretteur et fidèle narrateur des aventures du magicien (cf. critique des deux premiers opus dans nos n° 108 et 110). Et si ce dernier n’est pas toujours très fiable question narration (peut-on demander à un mercenaire d’y comprendre quelque chose à la magie ?), il reste cependant un personnage toujours aussi attachant, avec sa langue bien pendue et sa propension certaine à l’autodérision. Les autres personnages ne sont pas non plus en reste. Meg la gamine des rues débrouillarde ne peut laisser indifférent, à se démener sans cesse pour rattraper ses bévues. Et il y a Noon, bien entendu, imprévisible, tantôt détestable, tantôt touchant de naïveté, toujours fascinant.

Ce tome 3 reprend un rythme soutenu, plus que dans le second volet, qui présentait parfois quelques lenteurs. Le style colle parfaitement au personnage de Yors, un peu bourru et décalé. Les auteurs jonglent avec brio entre l’humour face aux situations cocasses occasionnées le plus souvent par Noon et les événements sombres et sérieux auxquels font face nos personnages, sans jamais que l’un ne vienne briser l’impact de l’autre. Sans parler des habiles inspirations shakespeariennes qui continuent de ponctuer subtilement le récit. Et du travail de Nicolas Fructus, proprement exceptionnel, une mise en images dans les pas d’un Gustave Doré qui confère à l’ensemble une épaisseur unique.

Un troisième volume à lire absolument, et qui prouve combien une fantasy française épique, inventive et novatrice existe, faisant bien mieux que rivaliser avec son pendant anglophone.

 

Éléonore BAILLY

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