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Les critiques de Bifrost

Le Dieu Assis

Pierre STOLZE
RROYZZ

Bifrost n° 92

Critique parue en octobre 2018 dans Bifrost n° 92

« Tout vient à point à qui sait attendre » illustre comme il se doit l’édition de ce roman de jeunesse de Pierre Stolze, rédigé à l’automne 1977, alors qu’il était encore un jeune écrivain, pour ne le voir publier que cette année, chez Rroyzz, un éditeur mosellan… Dans sa préface, l’auteur reconnaît n’avoir certes pas fait le forcing pour le publier — mais quarante ans, c’est tout de même bien long.

Qu’avons-nous dû si longtemps attendre ? Un roman de SF, bien sûr, bâti sur une trame de roman policier avec une chute dans le plus pur style de la New Wave et des expérimentations stylistiques et littéraires qui prévalaient alors. Philipp Warding, flic spatial de choc, se voit confier l’enquête sur l’assassinat d’un ancien secrétaire général de l’ONU qui ne s’opposait plus qu’à ce que tous les pouvoirs soient délégués à Mark/Mickey, le super-ordinateur planqué sous les Montagnes Rocheuses avec lequel Warding va devoir faire équipe. Cette science-fiction vintage est celle des ordinateurs géants, avides de pouvoir et paranoïaques à souhait. Dans sa préface, l’auteur évoque entre autres Colossus de D. F. Jones, qui fut porté à l’écran par Joseph Sargent. Ajoutez-y deux entités d’outre-espace plus ou moins rivales venues faire joujou sur notre belle planète pour faire bonne mesure, et vous pourrez obtenir une conclusion dans la tonalité de ce qui se faisait à la fin des années 70.

La préface, toujours elle, met en condition un lecteur qui ne saurait plus lire la SF vieille de quelques décennies. On se retrouve dès lors avec un agréable divertissement à la lecture aisée qui n’est certainement pas ce que Pierre Stolze a écrit de mieux, de loin s’en faut, mais permet de passer un bon moment. Le Dieu assis aurait pu ou dû trouver sa place dans la collection « Anticipation » en 85 qui l’a refusé, allez savoir pourquoi ? À cette époque-là, le Fleuve Noir avait pourtant déjà publié Mais l’espace… Mais le temps… de Daniel Walther, par exemple…

Il suffit de se souvenir que la SF n’a rien d’une littérature intemporelle  ; elle est ancrée dans l’époque qui l’a vu écrire et dont elle est un reflet.

Jean-Pierre LION

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