Futur lointain. L’humanité s’est répandue dans la galaxie en colonisant agressivement l’ensemble des planètes habitables et en soumettant par la force les espèces intelligentes rencontrées. Quand bien même elle dispose d’une technologie permettant de réaliser des sauts dans l’espace-temps pour contourner l’impossibilité physique du voyage supraluminique, son expansion s’est jusqu’ici limitée à la Voie lactée. Les autres galaxies, trop lointaines, restent inaccessibles. Mais voilà qu’un signal provenant de la galaxie du Triangle est capté et indique l’existence d’une intelligence. Plusieurs vaisseaux de dernière génération, généreusement militarisés, sont envoyés en exploration, mais tous disparaissent sans donner de nouvelles. Le Conseil Supérieur de l’Humanité change alors de stratégie et décide d’envoyer un dixième vaisseau, à l’équipage constitué d’une bande de renégats, en mission suicide. Une cohorte dirigée par le capitaine Livio Squirell, contrebandier talentueux, qui a le choix entre ça ou passer le reste de son existence en prison. Flogg, jeune mécanospace, accepte elle aussi de partir afin d’échapper à la planète pourrie sur laquelle elle se retrouve échouée et sans le sou. Ainsi est-ce une quarantaine d’humains et d’extraterrestres qui embarquent sur l’Esmerillo, vieux rafiot rafistolé mais rapide et fiable, aidé de l’intelligence artificielle Solilla. De multiples conflits vont éclater à bord, et la présence d’un saboteur va mettre en danger la mission. Livio, Flogg et Solilla devront ensemble relever de nombreux défis pour atteindre leur objectif et découvrir qui se cache derrière les mystérieux signaux.
Après Les Oubliés de l’Amas de Floriane Soulas, publié en octobre 2021, la collection dédiée à la science-fiction « adulte » chez Scrineo s’offre un Pierre Bordage pour son deuxième titre. On ne va pas se mentir, ce n’est pas une réussite. Le Dixième vaisseau est un roman jeunesse au ton consensuel inspiré par les productions anglosaxonnes récentes dans le domaine du space opera, entre Becky Chambers (L’Espace d’un an) et Gareth L. Powell (Braises de guerre), et au scénario simpliste, convenu, cousu de fils blancs, empli de trous béants. Trop inspiré pour présenter la moindre originalité – on ne cesse de vouloir hurler les noms de Korben Dallas et de Leeloo, personnages principaux du film Le Cinquième élément de Luc Besson (1997) à mesure qu’avance l’histoire de Livio et Flogg –, le roman n’est sauvé que par le talent d’écriture du vieux routard de la SF française. En lisant Le Dixième vaisseau, on ne peut toutefois s’empêcher de penser que Pierre Bordage a délaissé l’art de la composition des bonnes histoires au profit du récit d’aventure mal ficelé pour jeunes lecteurs peu regardants. Quel dommage ! De la part d’un auteur de ce calibre, on attendait mieux que le présent récit – qu’on s’empressera d’oublier.