Voici deux ou trois jours, j'inventoriais quelques cartons de bouquins… Je suis tombé sur trois livres de Jean Mazarin : Le Général des galaxies, Un fils pour la lignée et L'Univers fêlé, parus naguère dans la collection « Anticipation » du Fleuve Noir. Des livres écrits gros, avec de nombreux chapitres et moult pages blanches. Vite lus et encore plus vite oubliés. Du space opera élémentaire autant qu'alimentaire. Entre intrigues bateaux et péripéties convenues.
Le Faucheur de David Gunn (que l'on se gardera bien de confondre avec l'Américain James E. Gunn, auteur, entre autres, de Les Magiciens) vient tout juste de sortir chez Bragelonne agrémenté d'un joli crâne en relief et d'une de ces quatrième de couverture dont certains ont le secret, qui nous présente cet ouvrage comme : « Le coup de tonnerre de la littérature de genre en Grande Bretagne cette année. » Ah bon ! ? Si on ne l'avait pas lu, on ne l'aurait pas su ! J'en viendrai à croire que les expressions « coup de tonnerre », « coup de cœur », etc., signifient en vérité « insigne médiocrité ». Si j'ai évoqué de très périssables ouvrages de Jean Mazarin ci-dessus, c'est parce que Le Faucheur est du même tonneau… (À ceci près qu'il vous en coûtera tout de même vingt euros !)
C'est l'histoire de Sven Tvaskoeg, légionnaire de l'Empire Galactique qui va de barouds en bastons à la « va comme je te pousse ». C'est d'une linéarité tirée au cordeau et d'une platitude passée au marbre, la fadeur des personnages n'ayant d'égal que leur pâleur. De courts chapitres séparés de pages blanches, rempli de dialogues dépourvus d'intérêt autre que celui de retour à la ligne. Côté S-F, c'est plutôt La Légion saute sur Kolwezi. L'innovation la plus marquante est sans aucun doute l'embarquement direct du bordel des sous-offs de la Légion à bord du vaisseau amiral… On aurait pu avoir des couplets de chansons de corps de garde en épigrammes, mais même pas… C'eût été trop drôle. Notre bon Sven n'est humain qu'à 98,2%, le reste, il le partage avec « PainKillerJane » (Comic ou Série TV), ce qui leur permet à l'un et à l'autre de se faire trouer comme des passoires sans s'en porter plus mal. Cerise sur le gâteau, les Faucheurs, régiment d'élite, ressemble à s'y méprendre à des Waffen SS : noir, galons argentés, casquettes et dagues ornées de têtes de mort… N'en jetez plus !
Ça se parcourt davantage que ça ne se lit, à une vitesse étourdissante, comme les Mazarin. On perd son temps, certes, et si on ne passe pas vraiment un bon moment, on en passe pas un mauvais non plus — c'est comme de regarder un match du PSG ou de remplir une grille de sudoku. Sitôt commencé, sitôt fini. Un beau navet à réserver aux seuls inconditionnels des récits de guerre hard core, aux nostalgiques des BD de poche des années 70 et à ceux qui ont trouvé leur compte dans Les Chroniques de Riddick. C'est censé être violent mais ça reste bien propre… On passe.