« Sans rien divulguer sur sa véritable identité, ni sur la nature exacte de l'organisation criminelle cachée derrière ce crime, Sherlock Holmes raconta l'histoire de la lampe-éléphant de cuivre et de la sangsue tueuse géante. Même ainsi remanié, le récit restait passionnant. Asterman était captivé. Je remarquai que M. Holmes prenait bien soin de donner à la police tout le mérite de la résolution de l'affaire et de s'attribuer le rôle de la victime déroutée. » (page 211)
Tout le monde ou presque se souvient que Sherlock Holmes trouva la mort dans les chutes du Reichenbach en affrontant le Professeur Moriarty dans Le Problème final et qu'il reparut deux ans plus tard pour L'Aventure de la maison vide. Qu'a-t-il fait durant ces deux années de mort simulée ? Eh bien, notre brave enquêteur cocaïnomane et violoniste se trouvait en Inde et au Tibet, où, secondé par Hurree Chunder Mookerjee, il se livra à la plus secrète de ses enquêtes et sauva fort probablement la vie du Dalaï-Lama.
Livre sans doute réservé aux fans de Rudyard Kipling (Mookerjee est un personnage de Kipling, il apparaît dans Kim) et de Sir Arthur Conan Doyle, Le Mandala de Sherlock Holmes n'en demeure pas moins l'une des meilleures enquêtes apocryphes publiées ces dernières années, une aventure qui ne rechigne pas à verser allégrement dans les sciences occultes et sur la fin dans la science-fiction (d'inspiration jungienne, mais je n'en dirai pas plus).
Tout comme son pair français, René Reouven, Jamyang Norbu a une sacré plume et un culot comparable à celui d'Umberto Eco lorsque ce dernier baptise son enquêteur franciscain Guillaume de Baskerville (in Le Nom de la rose). Ce livre s'impose donc comme un petit bijou qui nous fait juste regretter l'indisponibilité en librairie de deux des meilleurs pastiches holmésiens : La Solution à 7% de Nicholas Meyer et La Vie privée de Sherlock Holmes de Michael & Molly Hardwick.
On regrettera aussi les maladresses de traduction et la couverture… qui évoque autant le Tibet, un mandala ou Sherlock Holmes qu'un nu full frontal de Margaret Thatcher.