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Les critiques de Bifrost

Le Mendiant de Karnathok

Le Mendiant de Karnathok

Alain LE BUSSY
FLEUVE NOIR

Bifrost n° 13

Critique parue en avril 1999 dans Bifrost n° 13

Avec Le Mendiant de Karnathok, Alain le Bussy nous invite à retrouver, nombre d'années ou de siècles plus tard, l'univers space opera où il avait situé Equilibre (voir critique dans un numéro de Bifrost qu'il vous conviendra de déterminer !). La guerre, une fois encore, a fait rage ; opposant les humains à l'empire d'Aeve sur lequel règne l'Errul. La paix est néanmoins revenue Un cessez-le-feu, plutôt. Il ne fait toutefois aucun doute que l'Errul attend l'heure de sa revanche...

Ce roman renoue avec une thématique résolument vanvogtienne un peu passée de mode. Pouvoirs psy et héros amnésique lancé à la recherche de lui-même et de son passé ne sont plus très en vogue. Le Bussy ajoute bien une petite touche de clonage pour faire moderne, mais c'est tout.

Jern Alvann, le mendiant du titre, borgne et manchot, hérite un beau jour d'une fortune colossale qui le transforme illico en paratonnerre à ennuis Le voilà riche mais traqué, contraint de fuir en vain à travers toute la galaxie. Divers interludes informent le lecteur des acteurs qui dans l'ombre protègent Alvann ou au contraire conspirent à sa perte. Le procédé est peu élégant mais constitue un raccourci non négligeable.

L'absence de personnages importants, outre le héros, nuit à la profondeur du récit. Il n'y a pas de véritables relations à travers lesquelles l'auteur aurait pu conférer à Alvann l'épaisseur qui lui fait défaut. C'est un solitaire, amnésique qui plus est. En fait, il sert uniquement de vecteur à l'action. Grâce à celui dont il est le clone, il recouvrera la mémoire et, ensemble, ils parviendront à piéger l'Errul ; ce qui constituera la conclusion tant de l'action que de la quête personnelle du héros.

Malgré ça, Le Mendiant de Karnathok pèche par défaut de construction On ne saura pas d'où vient l'argent que lui a laissé un Targ (E.T) avant d'être tué, ni pourquoi l'Errul voulait sa mort puisqu'on découvrira une autre raison à l'Errul de traquer Alvann. Le roman est parsemé de nombre de scènes cauchemardesques où Alvann jouit de son œil et de son bras perdus ; on comprendra bien les raisons de ces infirmités mais pas celles de ces rêves, pas vraiment, pas de manière satisfaisante.

Même si ce roman recèle pas mal de défauts, l'action est suffisamment rythmée et trépidante pour que l'on ne s'y attarde pas. Le talent de conteur de le Bussy entraîne à la lecture. C'est donc de la littérature de quai de gare, sans ambition, à prendre et à consommer comme telle. Auquel cas on peut passer un bon moment.

Jean-Pierre LION

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