Amanda et Clay, couple de new-yorkais blancs et bon teint, décident d’aller passer quelques jours de vacances à Long Island avec leurs enfants. Tout commence bien, ils découvrent une maison de location splendide avec tout le confort souhaité. Jusqu’à ce que, le deuxième soir, toquent à leur porte les propriétaires, G.H. et Ruth, plus âgés qu’eux et afro-américains. Tous deux étaient au volant de leur véhicule lorsqu’une panne d’électricité gigantesque s’est déclarée sur la côte Est, emportant avec elle toute connexion possible au réseau. Le couple sollicite de pouvoir passer la nuit dans leur maison, mais, la panne se poursuivant le lendemain, décide de rester sur place tant qu’il ne sera pas possible d’en apprendre davantage. Nul ne se doute que tout ce petit monde va se retrouver livré à lui-même pendant encore longtemps…
Chronique du monde pendant l’apocalypse, Le Monde après nous se focalise sur un petit groupe de personnes vivant cette fin du monde, mais de l’extérieur, sans réellement y participer. À l’écart de toute autre présence humaine, cette maison est leur refuge, mais un refuge qui les emprisonne : à force de ne rien comprendre à ce qui se passe, d’avoir peur de quitter ce havre rassurant, ils vont s’enfoncer dans leur ignorance, peu à peu s’enkyster dans l’angoisse et, ce faisant, ne rien faire… Si le propos initial de l’auteur peut sembler séduisant, force est de constater qu’il a du mal à conserver l’intérêt de son lecteur, tant il ne se passe rien, et qu’on s’ennuie copieusement. Il faut dire que ces deux familles relativement ordinaires — mais aisées – laissent relativement indifférentes, sauf dans la description que fait l’auteur du racisme ordinaire d’Amanda et Clay qui, voyant débarquer de nulle part ces noirs, vont craindre pour leurs affaires, voire leur vie, avant de se rendre compte qu’il s’agit des propriétaires de la maison. Racisme qui connaîtra par la suite plusieurs répliques, qui feront régulièrement mouche, mais seront bien seules au milieu de considérations moins intéressantes : une liste de courses qui dure deux pages (ok, on a compris que c’était une critique de la société de consommation), le stress de ne plus avoir de réseau (super original), ou le couple qui aime à se balader nu sur la terrasse… Rumaan Alam est chroniqueur au New York Times et au New Yorker, et cela transparaît dès les premières pages d’un roman qui se veut malin dans sa description de la lente déliquescence de la société américaine du XXIe siècle, mais s’avère au final plutôt conventionnel et plat, et ce malgré quelques tentatives, pas toujours très habiles, de relancer l’intérêt dans sa dernière partie… Leave the World Behind, un long métrage tiré du présent bouquin, réalisé par Sam Esmail, avec Julia Roberts, Mahershala Ali, Ethan Hawke et Myha’la Herrold, est annoncé pour le 8 décembre sur Netflix. Reste à voir s’il fera beaucoup mieux…