[Critique commune à Le Monolithe noir et Les Héritiers.]
Ah ! La collection « Anticipation » du Fleuve Noir ! Des bouquins qui ont marqué des générations entières, du temps où le cinéma et le jeu vidéo n’étaient pas encore entrés dans nos salons. Avec les qualités de leurs défauts, ces petits fascicules bon marché nous permettaient de nous évader à moindre coût. Nos pulps à nous, quoi.
Les éditions Critic se sont donc attelées à rééditer un cycle laissé en suspens lors de la longue agonie de la collection « Anticipation » : Retis Galactica, dont le premier volume, Le Monolithe noir, fut publié en Avril 1992 et le deuxième, Métacentre, un mois plus tard. Ces deux romans constituent le premier tome de la nouvelle édition. Un second tome, Les Héritiers, propose quant à lui les deux séquelles laissées en plan à l’époque : Le Constructeur et Le Maître du réseau.
L’histoire, très Fleuve Noir, est simple : une titanesque colonne noire qui monte jusqu’au ciel apparaît dans un coin perdu d’Australie. Au milieu des foules curieuses venues des quatre coins du monde observer le phénomène, l’armée tente de garder la situation sous contrôle. L’aventure commence quand quelques-uns réussissent à entrer dans le monolithe noir.
« Les volumes publiés dans la collection “Anticipation” devaient obéir à des règles très strictes de longueur, ce qui veut dire que chacun des deux manuscrits envoyés en 91-92 avaient perdu près de 25-30 pour cent au formatage effectué directement par l’éditeur. Les éditions Critic souhaitaient au contraire publier les versions intégrales. » Bertrand Passegué à ActuSF - 2015
Ce qui pourrait passer pour une bonne nouvelle devient très vite affreusement pesant à la lecture. On prendra l’extrait suivant pour exemple de ce qui occupe bien trop d’espace-papier par rapport à l’intrigue SF promise :
« Pourtant, Jill se comportait comme si la fille aux yeux d’or était une rivale. C’était absurde… Et pourtant, au fond de lui-même, il était bien obligé d’admettre que Sarah l’attirait énormément. Mais rien n’indiquait qu’elle éprouvait le même sentiment à son égard, et de toutes façons, leurs rapports s’étaient limités à quelques propos anodins. Pas de quoi déclencher une crise de jalousie de la part de Jill… » Le Monolithe noir - chap.11
Effort sans doute honorable, cette édition de « Retis Galactica » peinera à convaincre un public dont les attentes ne sont plus celles d’un lecteur de la collection « Anticipation », comme elle aura du mal à détourner, malgré ses jolis atours très kubrickiens, les aficionados des éditions originales illustrées par Mandy.
« Finalement, se dit-il, ce n’est pas si mauvais. Il suffit de s’habituer… » Le Maître du réseau - chap.8
Facile à dire.