Jean VILLEMIN
LE DILETTANTE
160pp - 17,00 €
Critique parue en avril 2025 dans Bifrost n° 118
Auteur de plusieurs livres pour la jeunesse, souvent illustrés par ses propres soins, l’écrivain et artiste plasticien Jean Villemin propose avec Le Pays des herbes debout un court roman louvoyant dans les marges des genres qui nous intéressent. Qu’on en juge.
Soit un État bureaucrate, dirigé par un Directoire qui a pour charge d’appliquer un Programme aux contours flous, avec un projet mystérieux de Synthèse que bien peu comprennent. Soit un narrateur, appointé par ce gouvernement au poste de Curateur dans la lointaine ville de Nova Radom. Pour s’y rendre, il faut obligatoirement prendre le train lors d’un trajet de plusieurs jours dont l’essentiel se fait à travers une véritable mer de roseaux. Ces phragmites — les herbes debout du titre — poussent de manière anarchique et dégagent au crépuscule une odeur pestilentielle, réputée létale au point qu’il convient de se calfeutrer là où l’on peut. À Nova Radom, ville quasiment coupée du reste du monde, baignant dans une indolence lénifiante, le narrateur va chercher à s’intégrer à la vie locale, à découvrir ce qu’on attend de lui… Vient le moment où la communication avec la capitale s’interrompt. Le narrateur va alors tâcher de prendre les choses en main…
La quatrième de couverture mentionne Le Désert des Tartares, et il est vrai qu’il est aisé de placer Le Pays des herbes debout à côté du roman de Dino Buzzati (voire même du chef-d’œuvre de Julien Gracq, Le Rivage des Syrtes), dans cette catégorie de littérature immobile où l’ambiance est reine, l’action rare, le mystère latent. À cette aune-là, porté par sa plume élégante, le texte de Jean Villemin remplit parfaitement son office. Avis aux amateurs.