« Pour Mellone la dryade, la vie s'annonçait paisible : son arbre, ses abeilles, un jour sans doute, un enfant après une nuit passée dans l'Arbre divin. Mais la forêt bruisse soudain d'une terrible nouvelle : Énée, le tueur de femmes, le parjure, le monstre assoiffé de sang, vient de débarquer sur les côtes. Comme toutes ses sœurs, Mellone a juré devant sa reine la perte de l'envahisseur… » Voilà un début de quatrième de couverture qui pose tout à fait l'histoire du Phénix vert, à une exception près, Mellone est une sacrée coquine qui est fort attirée par ceux qu'elle devrait haïr : Enée, le père, et son fils, Phénix, qui pour le malheur de tous a tué par erreur le centaure Caracole en le confondant avec un daim.
J'avais découvert Thomas Burnett Swann en lisant son inoubliable novella « Le Manoir des roses » (version roman à paraître au Bélial') ; puis je l'avais redécouvert avec sa fort recommandable Trilogie du minotaure (le Bélial' — récemment réédité en poche chez Folio « SF »). Le Phénix vert rappelle beaucoup cette dernière œuvre ; il s'agit d'une jolie fantasy, cruelle, un brin érotique (mais aucunement pornographique), mettant en scène les Hommes, toujours prêts à tuer et chasser, et nombre de créatures du folklore méditerranéen : dryades, faunes, centaures, harpies… Le roman (pages 7 à 166) est suivi d'une novella, d'un article de l'auteur et d'une postface d'André-François Ruaud (le tout de très bonne tenue). À noter la jolie traduction de Patrick Marcel, qui rend très bien le style doré et argenté de ce grand monsieur de la fantasy américaine qu'était Thomas Burnett Swann (malheureusement décédé en 1976). Remarquons pour finir que l'objet-livre est inattendu mais plutôt séduisant (à dire vrai, trop pour être commercial) ; ce qui est de plus en plus rare de nos jours…
Enchanteur.